Une opération policière de grande envergure a visé la gauche radicale turque hier matin dans onze provinces du pays.
Plusieurs associations et domiciles ont ainsi été visés par la police à Istanbul, Kocaeli, Ankara, Adana, Eskisehir, Konya, Tunceli (Dersim), Sakarya, Kütahya, Mersin et Hatay (Antakya).
Vers 3h30, les locaux de la Fédération des associations de la jeunesse situés à Okmeydani ont été pris d’assaut à coups de bombes lacrymogènes par les unités antiterroristes qui ont préalablement forcé les portes à l’aide d’un bélier. Au cours de cette opération, 9 étudiants dont quatre femmes, ont été arrêtées.
Dans la province majoritairement arabophone du Hatay, les policiers antiterroristes ont pris pour cibles les bureaux d’un périodique dénommé "Hayat Veren Asi" (L’Oronte qui donne la vie) et ceux d’une organisation appelée "Hatay Haklar Dernegi" (association pour les droits du Hatay).
Ces deux organismes voient dans cette véritable agression policière une tentative de la part du gouvernement AKP de saboter un festival de solidarité avec le peuple syrien prévu le 13 mai prochain à Antakya, une ville frontalière grouillant de mercenaires djihadistes hébergés par le gouvernement turc, encadrés par les services secrets de l’OTAN et dont la mission est de déstabiliser la Syrie.
Le célèbre collectif musical anatolien Grup Yorum qui est en tête d’affiche de ce festival de solidarité avec le peuple syrien et contre une "intervention impérialiste en Syrie" et qui a regroupé plus de 300.000 fans à Istanbul le 17 avril dernier, est lui aussi régulièrement visé par la répression pour ses liens présumés avec la gauche clandestine turque ainsi que pour son répertoire militant.
Le Front populaire (Halk Cephesi), une plateforme regroupant plusieurs associations militantes actives dans les campus universitaires, les lycées, les quartiers populaires, les syndicats et les associations professionnelles, a émis un communiqué pour dénoncer une agression contre "des associations démocratiques", contre la "liberté d’expression" et la "solidarité internationale".