La semaine dernière, le site d’information américain The Daily Beast a organisé le « Sommet des Héros » à Washington. Des personnalités issues du sérail politique, diplomatique et militaire ont rendu hommage aux actions, présentées comme « héroïques », de plusieurs figures marquantes de l’actualité récente. Parmi celles-ci, un Français était présent : Bernard-Henri Lévy. L’essayiste était invité à évoquer son engagement controversé dans le conflit libyen.
Insurgés libyens entourant un homme soupçonné d’avoir combattu dans les forces loyalistes de Kadhafi
Avant son intervention sur scène aux côtés de l’ex-secrétaire d’Etat Madeleine Albright, BHL est revenu avec une journaliste du Daily Beast sur son « devoir » pour justifier son rôle auprès de Nicolas Sarkozy.
Trois semaines plus tôt, à Tel Aviv, le même homme participait à une conférence consacrée à « l’avenir du peuple juif » : BHL était convié le 30 octobre par le « Jewish People Policy Institute » à développer longuement sa vision de la critique de l’Etat d’Israël, présentée comme une nouvelle forme d’antisémitisme. Celui qui fait vocation de philosophe s’en est vivement pris à la « délégitimation », à travers le monde, de l’Etat hébreu ainsi qu’aux forces adverses sur le terrain représentées par le Hamas, le Hezbollah et l’Iran.
Bernard-Henri Lévy renforce sa place dans l’axe Washington-Tel Aviv. Quel est le lien entre ces deux interventions publiques et, a priori, différentes ?
Comme l’avait révélé -en juin dernier- l’auteur de ces lignes, BHL s’est investi en Libye en raison de son engagement pro-israélien et communautariste. Le 20 novembre 2011, lors d’une convention organisée par le CRIF, l’intéressé avait fait savoir qu’il était parti rejoindre les insurgés libyens en tant que « sioniste ». Trois jours plus tôt, il était déjà explicite : à l’occasion d’un entretien avec RCJ, l’écrivain s’était alors qualifié de « représentant (en Libye) de la tribu d’Israël ».
La boucle est bouclée. Bernard-Henri Lévy, célébré à Washington, s’est engagé par « tribalisme » en Libye afin de servir les intérêts d’Israël dont il continue, coûte que coûte, à défendre l’image. CQFD.
Une telle dévotion envers Tel Aviv explique sans doute le silence du chantre des droits de l’homme à propos de la situation actuelle à Gaza. Si l’on en juge par sa déclaration tenue à France Inter en mars 2011, à la veille de l’opération militaire française contre Kadhafi, les bombardements israéliens sur les civils gazaouis semblent parfois se justifier.
Netanyahu peut dormir tranquille : aucun rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien n’est prévu du côté de St-Germain-des-prés.
BHL a finalement réagi, lundi soir, à l’escalade israélienne. A déguster, sa nouvelle oeuvre de propagande épistolaire, déjà reprise sur le site du CRIF, s’intitule « Obscénité ». A juste titre.