Philippe Bouvard enregistre la dernière émission des Grosses Têtes ce mercredi. L’écrivain Christian Combaz lui rend hommage.
Dire que Philippe Bouvard et singulièrement ses Grosses têtes, après tant d’années, font partie de la famille paraît une banalité, une évidence, une façon de participer à un hommage obligatoire, or le témoignage de gratitude et de nostalgie change de nature et devient moins lénifiant si on l’applique plutôt au monde que Bouvard représente : celui qui a assis son extrême popularité, sa remarquable longévité est ce qu’on pourrait appeler hâtivement la France de Papa.
[...] Cette France de Pompidou dont François Mitterrand a curieusement perpétué les usages devant un public dont un tiers était pourtant entré sans billet, cette France qui savait de quoi rire et comment, cette France de l’allusion, de la mauvaise foi, de l’antiphrase, cette France cynique et joviale que représentaient des gens comme Jean Yanne ou Jacques Martin est désormais livrée aux raisonneurs, aux schtroumpfs à lunettes, aux gens qui parlent le sabir hollandien et qui téléphonent à Bruxelles, aux féministes qui voient du sexisme partout, aux dénonciateurs qui ont un portable équipé de la touche Licra, aux anti-homophobes qui sont plus sourcilleux que les homosexuels eux-mêmes dans la défense de leurs droits. Philippe Bouvard tire donc sa révérence au moment où les représentants de la famille sont en train de prendre le maquis avec toutes les archives. Son nom sera inscrit au flanc des monuments à la gloire de la Résistance et sera honoré à la Libération.