Selon le quotidien anglais The Independent, un journaliste de la BBC en immersion a été approché à l’été 2016 par des recruteurs de l’État islamique dans le but de lancer une attaque contre le London Bridge. Révélation tragique puisque huit personnes décédaient moins d’un an après dans une attaque terroriste revendiquée par Daech sur le pont de Londres en question.
Jeu de rôle de la BBC
Le journaliste faisait partie d’une équipe qui, pendant deux ans, a utilisé de fausses identités virtuelles afin d’entrer en contact sur les réseaux sociaux et via les services de messageries cryptées avec des recruteurs et des formateurs de l’organisation terroriste islamiste.
Ayant revêtu le rôle d’un jeune garçon de 17 ans dans le but d’approcher les djihadistes, le journaliste en question détaille :
« En juillet 2016, nous avons découvert que l’organisation terroriste appelait les Musulmans britanniques sur Twitter et Facebook à perpétrer des attaques contre certains sites londoniens. »
Avant de préciser :
« Nous avons commencé à discuter avec l’un de leurs recruteurs, qui nous a par la suite invité à s’entretenir en privé sur un site de messagerie secrète. Les autorités étaient pleinement conscientes de notre contact avec l’organisation terroriste. »
Les services de renseignements anglais connaissaient donc les cibles potentielles de Daech plusieurs mois avant les attentats.
Cibles potentielles et instructions
Alors que les premiers échanges concernent les motivations du supposé jeune garçon musulman, le recruteur cherche par la suite à savoir si le futur terroriste connaît bien les endroits fréquentés de Londres, et lui suggère notamment Westminster comme une cible à frapper.
Mais les conseils de l’agent de Daech ne s’arrêtent pas là puisqu’il explique également au journaliste en investigation comment assassiner un policier ou encore comment se procurer différentes armes à feu.
Khalid Masood, vrai terroriste
La réalité viendra rattraper la mise en scène journalistique huit mois plus tard, lorsque Khalid Masood, ancien délinquant converti à l’islam, commettra une attaque à la voiture sur le pont de Westminster avant de poignarder un policier un peu plus loin. L’attaque fera cinq victimes et sera suivie le 22 mai d’un attentat tuant 22 personnes à Manchester puis de l’épisode du London Bridge le 3 juin.
Cette révélation de la BBC sur le travail de son journaliste risque de poser des questions en Angleterre sur la prise au sérieux des menaces par les services de renseignements du pays, bien qu’il apparaisse comme impossible à l’heure actuelle de parer à toute menace. Et ce ne sont pas les autres États européens qui diront le contraire.