Chacun sait que ce gouvernement est un casting de communicants. Ce sont les conseillers de McKinsey et autres agences qui préparent les sorties des ministres. Et quand il y a dérapage, c’est qu’il est contrôlé.
Par exemple, en pleine explosion de la sordide affaire Palmade, on voit arriver Le Maire béat en plateau, avec son bouquin de cul, une honte pour un ministre digne de ce nom, mais le contre-feu valait le sacrifice. De plus, avec la Macronie, cette agonie de la Ve République, on remarque une chose intéressante : un ministre pourri (par les affaires) peut pourrir indéfiniment.
Cela s’est appliqué à l’ancienne porte-parole qui mordait les chauffeurs de taxi, à Castaner qui a tabassé les Gilets jaunes, à Schiappa qui est restée malgré ses reniements féministes et l’affaire Reichstadt, à Véran, qui a menti dangereusement à son poste hautement sensible de ministre de la Santé, plus récemment à la reine des couilles Oudéa-Castéra, et enfin à Macron, qui les coiffe tous. Eux font dans la re-désinformation.
On n’a donc plus affaire à des fusibles comme dans l’ancien temps, où une affaire éliminait son auteur, mais à des fusibles qui peuvent mourir plusieurs fois, comme les chats. La souplesse d’échine et la résistance à l’opprobre sont des traits spécifiques de ces nouveaux politiciens.
En un mot, ils n’ont pas peur d’être pris pour des cons ou des salauds, ils assument. Certes, les dégâts sur les RS, ce vrai tribunal populaire, sont considérables, mais il suffit de censurer cette colère dans les médias mainstream – qui sont tenus pour le pouvoir – et de réprimer par tous les moyens possibles – policier, judiciaire, économique, médiatique - les impudents.
C’est ainsi que ce Système totalement vermoulu tient. Il tient dans le vide, à la manière des tomates hors-sol.
Loïc sur X a décrit la préparation de la sortie d’Attal avec ses bottes de pailles. Nous n’avons ni coupé ni corrigé son texte.
Une vue élargie du spectacle. pic.twitter.com/zBzSLCAA89
— Procureur #Matricule525 #StandUpAleppo ﺕ (@menalahy) January 27, 2024
J’étais à la « conférence » de Gabriel Attal pour accompagner mon député.
Déjà pour arriver sur place, même le GPS était perdu. C’était dans une ferme, dans un lieu-dit à l’intérieur d’une commune de 300 habitants, protégée par des dizaines de gendarmes et un hélicoptère. Un village bien rural, agricole, à priori très adapté à cet exercice, ça va de soi.
Mais j’ai noté un petit fait intéressant : Emmanuel Macron obtient 70% des voix au 2nd tour sur place. 12 points de + que la moyenne nationale. Pas en terrain hostile donc..
Sur place, on nous a dit qu’il y aurait une conférence de presse. Pour faire « paysan », les équipes du Premier Ministre ont demandé à mettre de la paille pour que les gens s’assoient dessus et que le Premier Ministre mette ses fiches.
Un agriculteur qui était resté comme moi en retrait, m’a dit « on est seulement 10 agriculteurs présents ». J’ignore si c’était vrai, mais ça avait l’air.
Au final, ce n’était pas une conférence mais un monologue devant un public sélectionné. Les « agriculteurs » que j’ai reconnus étaient des membres de la FNSEA du 31. Des syndicalistes en colère contre les blocages qu’ils n’ont pas lancé d’eux-mêmes…
À l’exception du député LFI Christophe Bex, venu pour interpeller Gabriel Attal sur son absence à Carbonne, aucune opposition n’étaient là, sinon quelques élus locaux PS bien ancrés sur le territoire. En revanche, beaucoup de macronistes.
Bref, une mise en scène tout à fait réussie, dans un village perdu, peu accessible, qui ne s’attendait pas à un déplacement du chef du gouvernement à peine 12h avant. Un village éloigné des agitations, avec un paysage somptueux, parfait pour un numéro de com’.
Cette préparation oligarchique sent la peur du peuple. Le pouvoir, qui craint l’émeute comme la peste, n’a pas oublié – les traumas se transmettent – l’affaire de Montredon-des-Corbières. C’est l’historien Mickael Wilmart qui nous la remet en mémoire dans un thread. Cela explique peut-être pourquoi les forces de l’ordre n’osent pas trop tabasser les paysans.
Le 4 mars 1976 est une date-clé de l'histoire du mouvement social en France, qu'on a curieusement tendance à oublier (mais bon, c'est loin de Paris...) : c'est en effet la dernière fois qu'on doit déplorer des morts par balles lors d'une manifestation en métropole 2/14 pic.twitter.com/iXV1EypgbY
— Mickaël Wilmart (@MickaelWilmart) January 26, 2024
Après le rappel du contexte social, Wilmart passe aux choses sérieuses :
Les années 70 dans le Languedoc sont marquées par un grave crise viticole qui a vu une partie des vignerons se radicaliser avec la création en 1975 du Comité d’action viticole (oui le même qui a fait un attentat contre un batiment à Carcassonne récemment).
En 1976, les vignerons entendent protester contre les importations de vins étrangers, notamment italiens, qui font l’objet de négociations avec le ministère de l’agriculture. Le mouvement, qui oscille alors entre la gauche et les milieux occitanistes, bascule dans la révolte.
Début mars, une vague de violences touche la région de Narbonne : incendies de perceptions, destructions de relais-tv et de transformateurs électriques, attaque de la sous-préfecture et du commissariat de Narbonne, blocage dss gares. La tension est à son comble.
Les vignerons bloquent l’accès ferroviaire et routier à Narbonne en se positionnant à Montredon-des-Corbières. Le 4 mars, ils sont 3000 à y être rassemblés, un train de fret est incendié, des rails démontés. Un premier convoi de CRS tente de passer pour rejoindre Narbonne.
Les derniers véhicules et leur hélicoptères essuient des tirs de fusil de chasse. La 2e CRS envoyée est chargée de faire évacuer les manifestants par la force. Lee face à face est tendu. A 15h, des premiers coups de feu retentissent, venus des rangs des vignerons.
Plusieurs policiers sont blessés. Commence alors une série de fusillades de part et d’autre qui va durer une 1/2 heure et c’est le drame : un commandant et un vigneron sont tués, une dizaine de vignerons et une vingtaine de policiers blessés par balle.
Dans la suite du thread, Wilmart note :
Puisque la mémoire de cet évènement est réactivée chaque année, il est difficile de ne pas y penser pour expliquer la doctrine du maintien de l’ordre vis-à-vis des agriculteurs au-delà de présumées connivences politiques. Même s’il semble délicat pour l’Etat d’admettre qu’un groupe social, pas forcément violent (mais qui peut être aussi violent envers lui-même si on mesure le taux de suicide chez les agriculteurs) mais tout de même armé (pour la chasse, certes) peut être compliqué à gérer.
La vraie colère populaire est la hantise des gouvernants, mais surtout des mauvais gouvernants, qui réagissent par la panique et par une répression d’autant plus féroce qu’ils sont généralement lâches.
De l’autre côté de l’Atlantique, une scène nous a marqués, qui devrait faire réfléchir le pouvoir actuel. Nous ne cautionnons pas ce plaquage entre les poteaux, mais cela illustre parfaitement l’importance pour un pouvoir inique d’être bien défendu. Ses décisions font monter ou baisser la colère.
Delone Redden saute sur la juge du tribunal du comté de Clark, Mary Kay Holthus, après avoir refusé une libération sous caution pour le crime de coups et blessures aggravés.
Heureusement, le juge Holthus est indemne et un maréchal a été hospitalisé. pic.twitter.com/hWWavS6wId
— Jaime Horta (@JaimeHorta17) January 3, 2024