Le président syrien Bachar al-Assad a reconnu implicitement avoir reçu des missiles sol-air sophistiqués S-300 de la Russie, selon une déclaration rapportée jeudi par Al Manar, la chaîne du Hezbollah qui doit diffuser dans la soirée l’intégralité de l’entretien.
Interrogé sur la livraison de ces missiles promis par Moscou, M. Assad a répondu : "tous les accords passés avec la Russie seront honorés et une partie l’a déjà été dernièrement".
La déclaration en question a été reprise sur le bandeau en bas de l’écran sur la chaîne du Hezbollah, puissant parti chiite armé impliqué massivement dans les combats contre les rebelles en Syrie auprès de l’armée syrienne.
Ces missiles sont des armes ultra-modernes qui peuvent détruire des avions ou des missiles guidés.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov avait justifié mardi la livraison prévue des S-300 à Damas en estimant que ces missiles visaient à dissuader toute velléité d’intervention extérieure dans le conflit.
Parallèlement, Israël a affirmé jeudi qu’il ne voulait pas provoquer d’escalade militaire avec la Syrie mais ne permettra pas le transfert d’armes stratégiques, notamment au Hezbollah chiite libanais, sa bête noire avec qui l’Etat hébreu s’est engagé dans une guerre destructrice à l’été 2006.
"Il n’y a pas lieu de provoquer une escalade, il n’y a pas de raison de réchauffer le front avec la Syrie, cela n’a pas été notre objectif et cela ne le sera pas", a déclaré le ministre de l’Eau et de l’Energie Sylvan Shalom à la radio publique.
Interrogé sur la fourniture systèmes de défense antiaériens de type S-300 à la Syrie, M. Shalom s’est voulu rassurant. "Depuis des années, la Syrie dispose d’armes stratégiques, le problème se poserait si ces armes étaient susceptibles de tomber dans d’autres mains et d’être utilisées contre nous. Dans ce cas nous devrions agir", a-t-il ajouté.
Israël a mené début mai deux raids aériens sur des cibles militaires près de Damas disant vouloir empêcher un transfert d’armes au Hezbollah.
Le Wall Street Journal avait rapporté début mai que l’accord de vente des missiles remontait à 2010 et la Syrie a payé à la Russie 900 millions de dollars pour quatre batteries de missiles S-300, comprenant six rampes de lancement et 144 missiles d’une portée de 200 km.
L’installation d’un tel système de défense antiaérienne compliquerait tout projet des États-Unis ou leurs alliés de mener des frappes aériennes contre le régime de Damas, d’établir une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Syrie ou d’intervention pour sécuriser et démanteler des armes chimiques.