En pleine crise humanitaire, la première dame de Syrie, élevée au Royaume-Uni, Asma al-Assad, a accordé une interview exclusive au média russe Rossiya 24, rompant ainsi un silence qui a duré huit ans.
« Pourquoi les destins des enfants du village de Zara n’ont pas été mis en lumière dans les médias comme cela a été le cas d’Aylan et d’Omar ? Les médias occidentaux ont décidé de se concentrer sur ces tragédies car elles correspondaient à leur agenda. C’est l’Occident qui a divisé nos enfants qui prennent part au conflit en fonction des orientations politiques de leurs parents. Aylan était un enfant syrien, ce en quoi ses parents croyaient n’est pas très important, et il en va de même pour Omar et tous les autres enfants innocents du village de Zara. Ils sont tous des enfants innocents, et leur mort est une perte pour la Syrie », a déclaré Asma al-Assad dans une interview exclusive accordée à Rossiya 24, la première depuis près de huit ans, au cours de laquelle elle a évoqué les conditions de vie des enfants syriens.
Interrogée sur les raisons pour lesquelles les médias occidentaux s’obstinent à montrer une couverture biaisée de la situation en Syrie, et notamment de la crise humanitaire, l’épouse de Bachar al-Assad a ainsi rapporté les cas de nombreux enfants blessés ou tués, dont la disparition est passée sous silence dans les principaux médias.
Reuters par exemple, aurait ainsi rapporté qu’aucune victime n’était à déplorer dans le village de Zara, alors qu’RT a recueilli le témoignage de civils attestant de la mort de personnes âgées, et de l’enlèvement de femmes et d’enfants par des terroristes.
Afin de démonter la manipulation de l’information, visant à susciter une l’indignation choisie, la première dame syrienne est alors revenue sur la médiatisation de certaines victimes plutôt que d’autres, se demandant pourquoi la photo du petit Aylan, noyé tragiquement avait plus suscité l’émoi international que les victimes du terrorisme.
Indignation sélective
Selon elle, il s’agirait pour les médias occidentaux, de choisir avec précaution les victimes a mettre en valeur, afin de servir un agenda, dont la finalité ultime serait la manipulation de l’opinion.
« On a déjà beaucoup parlé de la situation humanitaire en Syrie. Mais il est difficile de décrire toute la gravité de la situation. Les gens déplacés, la misère, les maladies, les souffrances – c’est sans précédent. L’ironie est que les médias occidentaux préfèrent se focaliser uniquement sur la difficile situation dans laquelle se trouvent les réfugiés et les gens qui vivent sur les territoires contrôlés par les groupes armés, tandis que la majorité des gens déplacés habitent [sur le territoire contrôlé par le gouvernement]. Et ces gens sont aussi importants que les autres », a ajouté la première dame de Syrie.
« L’aide humanitaire ne devrait pas être conditionnée par la géographie, l’orientation politique ou les croyances religieuses », martèle-t-elle. « Cette aide ne peut pas être conditionnée par des agendas politiques. »
De nationalité britannique et syrienne, Asma el-Assad est née à Londres de parents d’origine syrienne. Après des études à King’s College, dans la capitale britannique, elle épouse le futur président syrien, Bachar el-Assad. Le couple a trois enfants : Hafeez, Zein et Kareem.
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2012, la première dame se fait discrète. En 2013, après que des rumeurs aient fait circuler le bruit qu’elle avait fui la Syrie, elle est brièvement reparu en public pour contrer ces fausses accusations.
L’interview complète (en anglais, sous-titrée en arabe) :