Le ministère russe de la Défense a qualifié de non-professionnelles les récentes allégations de l’ONG Human Rights Watch (HRW) sur l’utilisation d’armes chimiques par les forces gouvernementales en Syrie.
L’ONG Human Rights Watch a publié lundi dernier un rapport dans lequel elle accuse les troupes syriennes d’avoir utilisé à au moins huit reprises en 2016 des armes chimiques dans les zones d’Alep contrôlées par l’opposition. De son côté, le ministère russe de la Défense juge dénuées de tout professionnalisme ces tentatives visant à rejeter la responsabilité sur le gouvernement d’Assad.
« Les rapports de ce genre, préparés par des amateurs qui se réfèrent aux réseaux sociaux et à des témoins anonymes inconnus contactés par téléphone, détruisent la réputation déjà controversée de Human Rights Watch », a déclaré mardi le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov.
Selon Igor Konachenkov, si HRW voulait vraiment faire la lumière sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, elle devrait commencer par se pencher sur l’utilisation en septembre dernier de gaz moutarde par les djihadistes dans la province syrienne d’Alep, dans la localité de Marat-Im-Hush.
« Ce crime a de vrais témoins, y compris des journalistes russes et étrangers, de vraies victimes avec des noms concrets, de vraies munitions découvertes avec des restes de gaz moutarde et des échantillons de sol », a indiqué le porte-parole du ministère russe de la Défense.
M. Konachenkov a rappelé que des experts militaires russes du centre d’étude des unités de protection radiologique, chimique et biologique en coopération avec la partie syrienne avaient transféré toutes les preuves de l’usage d’armes chimiques aux représentants de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimique (OIAC), les inspecteurs n’ayant pourtant fourni aucun commentaire après réception des documents.
« Pour quelle raison ? La pression d’un pays-producteur de gaz moutarde ou la passivité de certains fonctionnaires – voilà ce qui devrait susciter une attention particulière du côté de HRW. Si cette organisation cherche en réalité à défendre les droits de l’homme », a conclu le général.
La mine qui a été utilisée en septembre dernier par les terroristes pour attaquer des quartiers civils à Marat-Im-Hush a fait plus de 40 morts. Plusieurs blessés suite à cette attaque sont toujours soignés dans un hôpital militaire. Selon les médecins, ils présentent des symptômes typiquement associés à l’effet des substances chimiques.
Rappelons que l’un des premiers cas d’utilisation des armes chimiques par Daech en Syrie remonte au printemps 2013. Une attaque terroriste au sarin a fait de nombreux morts en été 2013 à la Ghouta orientale. Plusieurs pays ont alors essayé de rejeter la responsabilité sur le président syrien Bachar el-Assad. Les terroristes de Daech ont notamment utilisé des obus chargés de gaz toxique au cours d’une attaque contre une base aérienne de la province syrienne de Deir ez-Zor, en avril 2016, ce qui a provoqué de graves problèmes respiratoires chez les militaires touchés.
La Russie a plusieurs fois appelé la communauté internationale à coordonner ses efforts en vue de mettre fin au terrorisme chimique. Moscou a proposé d’adopter une résolution spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU. Malheureusement, les partis pris politiques et la position anti-Assad ont empêché d’adopter cette résolution et d’écarter cette menace.
Le gaz moutarde, dont l’invention remonte à l’époque de la Première Guerre mondiale, est internationalement interdit depuis 1923.