Pourtant ministre de la Justice, Christiane Taubira a proposé que les mesures de blocage ordonnées sans le contrôle d’un juge soient étendues aux sites racistes et antisémites, depuis une liste fixée par le ministère de l’Intérieur. Or pour Manuel Valls, les discours antisionistes qui critiquent Israël sont indissociables des discours antisémites. Attention, danger.
Les nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme que doit proposer le Gouvernement iront-elles jusqu’à étendre la censure sur simple ordre du ministère de l’Intérieur aux sites racistes et antisémites, et par extension fâcheuse aux sites antisionistes ? La question est plus que jamais d’actualité après le communiqué publié vendredi par la ministre de la Justice Christiane Taubira, qui a présenté à l’École nationale de magistrature ses propositions de « lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations ».
Selon le communiqué, madame Taubira a proposé – ce qui est un comble s’agissant d’une garde des Sceaux et ce qui contredit ses positions de l’été dernier – de « confier à l’autorité administrative la possibilité de bloquer les sites et messages de haine raciste ou antisémite », c’est-à-dire d’étendre à ces délits les mesures de censure policière prévues pour l’apologie du terrorisme et la pédopornographie. Il s’agirait de confier au ministère de l’Intérieur le soin d’établir les listes de sites à bloquer sans contrôle de leur illégalité par un magistrat.
Or l’on sait que le Premier ministre Manuel Valls a une vision particulièrement large de ce qu’est l’antisémitisme, puisqu’il y inclut non seulement la haine à l’encontre des juifs, ce qui ne fait pas débat, mais aussi désormais les discours les plus virulents et systématiques contre la politique interne ou étrangère d’Israël, et contre les personnalités dites "sionistes" qui la soutiennent.