Les quartiers nord d’Amiens ont connu de très violents affrontements dans la nuit de lundi à mardi entre une centaine de jeunes et des forces de l’ordre, lors de laquelle seize policiers ont été blessés et la ville touchée par de nombreux dégâts matériels.
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls devait se rendre à Amiens en début d’après-midi.
Selon la préfecture de la Somme, une centaine de jeunes rassemblés dans le quartier d’Amiens-Nord - l’une des quinze zones de sécurité prioritaire ciblées par le gouvernement - ont commencé lundi soir vers 21H00 "à harceler les forces de l’ordre venues sécuriser le quartier après des heurts dimanche soir".
Les policiers ont été blessés par des tirs de chevrotine et de mortier de feux d’artifice et des jets de projectiles, lors de ces affrontements qui se sont poursuivis jusqu’à 04H00 du matin. Le policier le plus gravement touché a reçu quinze jours d’ITT (incapacité totale de travail), a-t-on précisé de même source.
Les forces de l’ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des tirs de gomme-cogne sans faire de blessé, a ajouté la préfecture.
Un hélicoptère de la gendarmerie, équipé de caméras thermiques, a également été mobilisé.
Les quelque 150 policiers présents sur place n’ont procédé à aucune interpellation.
Le quartier d’Amiens-Nord est régulièrement touché par des incidents, "mais jamais de cette gravité, avec trois bâtiments publics en partie détruits", a indiqué la préfecture.
Mardi matin, les services municipaux ramassaient les restes de poubelles, et des carcasses de voitures en travers des rues, où les bus ne circulaient plus mardi matin, selon un correspondant de l’AFP.
"Quand est-ce que ça va s’arrêter, on n’en peut plus", a réagi un habitant du quartier qui promenait son chien mardi matin et qui a souhaité conserver l’anonymat.
Le maire d’Amiens, Gilles Demailly (PS), a évoqué une "scène de désolation", avec des bâtiments publics touchés "pour la première fois", dont une école maternelle en partie incendiée et complètement saccagée et un centre sportif complètement détruit.
"Il y a ici des incidents réguliers, mais cela fait des années que je n’ai pas connu une nuit aussi violente avec autant de dégradations", a déclaré M. Demailly à l’AFP.
"Ca fait des mois que je réclamais des moyens car la tension montait dans le quartier", a également dit le maire.
Selon la préfecture, des renforts sont venus dans la nuit d’autres départements, ainsi que de la gendarmerie.
Ces incidents font suite à des heurts dimanche entre des habitants du quartier et la police, qui procédait au contrôle routier d’un automobiliste ayant une conduite dangereuse.
Cette intervention a été jugée excessive par certains riverains, alors que la famille et les proches d’un jeune homme de 20 ans, mort jeudi après un accident de moto, étaient réunis à proximité pour une cérémonie de deuil. L’intervention fait l’objet d’une enquête administrative diligentée par la préfecture.
"Si cela se confirme que des fonctionnaires chargés de défendre la loi se sont fait tirer dessus à la chevrotine par des voyous, c’est totalement inadmissible, et il est évident que moi j’attends du gouvernement une réponse très ferme", a déclaré Thierry Mariani, chef de file de la Droite populaire (UMP) sur BFM-TV.
"L’explication réside dans le laxisme et le laisser-faire qui caractérisent tous les gouvernements : il n’y a jamais eu de karcher sous Nicolas Sarkozy, mais un petit vaporisateur, et ce ne sont pas les malheureuses "ZEP de la sécurité" de Manuel Valls qui régleront le moindre problème", a réagi le Front national dans un communiqué.