L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, s’est donné pour mission de combattre les populismes. Son élection est « une émanation du consensus entre les partis qui régit la culture politique outre-Rhin ». Comprendre une victoire du « front républicain » face à la montée de l’AfD.
Frank-Walter Steinmeier est le candidat proposé par le SPD, le parti socialiste allemand, pour représenter la « grande coalition » CDU-CSU-SPD. Il bénéficie du fait qu’Angela Merkel et son parti des démocrates-chrétiens du CDU n’ont pu présenter un candidat, faute de légitimité populaire. Merkel est notamment attaquée de toutes parts sur le bilan de l’accueil des migrants.
Malgré cette unité et cette cohabitation de façade, la « grande coalition » est fragile et les ailes « conservatrices » de ces partis libéraux sont de plus en plus tentées par le regain « populiste » des anti-européistes et anti-immigrationnistes de l’AfD.
Ancien homme de confiance du chancelier Gerhard Schröder, Frank-Walter Steinmeier est longtemps resté dans l’ombre. Ses deux mandats successifs à la tête de la diplomatie allemande, où il a notamment fait valoir son sens du dialogue avec la Russie au cours de la crise ukrainienne, lui ont néanmoins permis de devenir populaire parmi les Allemands.
Ce qui ne l’a pas empêché de qualifier Donald Trump de « prédicateur de haine ».
Alors que l’AfD est crédité de 10 % à 12 % des suffrages aux prochaines élections législatives, Steinmeier a déclaré cette semaine à Munich :
Je veux en tant que président être un contrepoids à la tendance sans limite à la simplification, c’est le meilleur antidote aux populistes.
Dans son premier discours de président, il s’est gardé de faire directement référence à la situation aux États-Unis. Mais il a appelé à « défendre la démocratie et la liberté » au moment où elles sont mises en cause. « Lorsque les bases [de la démocratie] vacillent il nous faut plus que jamais les soutenir », a-t-il dit, soulignant que la « cohésion de la société » était primordiale « en ces temps tumultueux où le monde semble ne plus tourner rond ».
À Paris, lors de son dernier déplacement officiel en tant que ministre, Steinmeier fut décoré de la Légion d’honneur par son homologue Jean-Marc Ayrault. Il a alors mis en garde les Français d’une drôle de manière :
S’il vous plaît, ne cédez pas aux sirènes du populisme.
Frank-Walter Steinmeier a remporté 931 voix parmi les 1260 grands électeurs chargés de désigner le président allemand.
À l’âge de 61 ans, il accède à un poste surtout honorifique, qui lui donne une autorité morale sur le pays.