Six mois après le début de la contestation en Algérie, comment se porte la liberté de la presse ? Éléments de réponse avec les journalistes invités à l’Institut du monde arabe.
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La révolution politique rime-t-elle avec révolution des médias ? La question a été l’objet d’un débat à l’Institut du monde arabe, vendredi 14 juin, dans le cadre du festival Arabofolies.
Rue Didouche Mourad #Alger pic.twitter.com/iGoARFPqmh
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) 14 juin 2019
Les journalistes toujours sous pression
Et, pour Khaled Drareni, fondateur de Casbah Tribune, les choses n’ont pas vraiment changé pour les journalistes.
« La liberté de la presse n’a pas drastiquement évolué depuis le 22 février, déplore-t-il. Les reporters continuent de subir des pressions, et des annonceurs, quand ils s’aperçoivent que vous couvrez les manifestations, vous lâchent. Et on a encore du mal à accéder à l’information. Les chargés de communication, par exemple, censés nous aider dans notre travail, sont aux abonnés absents. »
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Lynda Abbou [journaliste pour Maghreb Émergent] acquiesce : « On est toujours soumis à la censure et aux coupures Internet. » Pour preuve, le site TSA, qui relaie chaque vendredi les manifestations partout dans le pays, est depuis trois jours inaccessible depuis l’Algérie.
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Une opportunité pour la presse en ligne ?
Une respiration dont pourrait bien profiter la presse en ligne. Car, si la contestation grouillait de toutes parts, Internet lui a donné un sérieux coup de pouce. La page Facebook lancée en octobre 2018, hostile au cinquième mandat, a joué un rôle dans la concrétisation de la colère des Algériens.
« Dès le début du mouvement, la presse électronique a gagné en audience, explique Lynda Abbou. Les Algériens, qui avaient eu le sentiment d’assister à un jour historique ce 22 février, ont été incrédules de voir qu’à la télé on n’en parlait pas. »
La confiance dans les médias publics, déjà bien entamée depuis 1999, a été définitivement rompue. Non reconnue par la législation algérienne – donc dans l’impossibilité de dépendre d’un organe étatique – et peu sollicitée par les annonceurs, la presse en ligne bénéficie d’une bonne image auprès de la population. Une carte à jouer pour les entrepreneurs de la presse électronique, dans un pays en pleine révolution contre le pouvoir.
Autre avantage, une plus grande marge de manœuvre éditoriale.
« Nous avons davantage de liberté d’expression que nos confrères du papier, admet Lynda Abbou. Eux peuvent subir le chantage des imprimeurs de l’État. Si un papier ne plaît pas, le journal n’est pas imprimé. »
Un fait consternant pour le journalisme algérien, mais dont la presse en ligne pourrait tirer opportunité, dans un pays parmi les plus connectés d’Afrique.
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