Rien ne va plus entre l’équipe de Barack Obama et les militaires chargés de mener la guerre en Afghanistan, rapporte le magazine Rolling Stone, dans un article à paraître vendredi et dont les médias américains (LA Times, Wall Street Journal, Wired, Fox News) se repaissent déjà.
L’article décrit la "déception" du général McChrystal, qui commande à la fois les forces américains et les forces de l’OTAN en Afghanistan, après son premier tête-à-tête avec le président des Etats-Unis l’an dernier. Toutes les personnes citées par Rolling Stone ont requis l’anonymat.
L’article décrit son équipe comme étant en désaccord avec le gouvernement Obama, à l’exception de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, qui a soutenu sa demande de renforts en Afghanistan. Les critiques parmi les plus féroces sont réservées à Richard Holbrooke, l’envoyé spécial de Barack Obama en Afghanistan et au Pakistan. Stanley McChrystal est décrit comme se sentant "trahi" par les fuites à propos d’un document confidentiel de l’ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan, Karl Eikenberry, l’an dernier. Ce câble s’interrogeait sur la nécessité d’envoyer des renforts pour soutenir un gouvernement afghan manquant déjà de crédibilité.
Stanley McChrystal, connu pour être un boulimique de travail, a été envoyé en Afghanistan il y a un an après l’éviction de son prédécesseur. Face à ces révélations, la général exprime ses regrets : "Je présente mes excuses les plus sincères (...). C’était une erreur, reflet d’un mauvais jugement ; cela n’aurait jamais dû se produire", déclare le militaire dans un communiqué. "Dans ma carrière, j’ai vécu avec les principes d’honneur personnel et d’intégrité professionnelle. Ce qui est reflété dans cet article est loin de ce standard", déclare-t-il.
"BIDEN ? MORDS-MOI ?’
Bien que le président américain lui ait finalement accordé une bonne partie de ce qu’il demandait, le général dit avoir trouvé cette période "pénible". Un de ses conseillers ajoute sous couvert d’anonymat que le général n’a pas retiré une bonne impression d’une rencontre avec M. Obama à la Maison Blanche, juste après que celui-ci l’eut nommé à la tête des opérations en Afghanistan. Un conseiller de Stanley McChrystal parle de la rencontre avec M. Obama comme d’une "opération photo de dix minutes".
L’article cite un membre de l’équipe de Stanley McChrystal se moquant du vice-président Joe Biden, considéré comme critique des efforts du général pour radicaliser le conflit. "Biden ?", déclare le conseiller. "Avez-vous dit : mords-moi ?" Un autre conseiller qualifie de "clown resté figé en 1985" le conseiller de la Maison Blanche à la Sécurité nationale, Jim Jones, un général quatre étoiles à la retraite.