Sur un plan médiatique, les rebelles afghans ont marqué des points, avec l’attaque commise contre le camp Bastion, qui, situé dans la province du Helmand, est celui où a récemment été envoyé le prince Harry (3e dans l’ordre de succession du trône britannique) en tant que pilote d’hélicoptère.
Même si le mouvement taleb a menacé de tuer le prince, il est difficile de dire si c’est ce dernier qui a été spécialement visé. Disons que sa présence sur la plus importante base britannique outre-Mer a donné à l’attaque des insurgés un impact médiatique beaucoup plus important qu’ils ne l’espéraient.
Ce qui fait que l’attaque des insurgés a été audacieuse tient au camp Bastion en lui-même. Construit en 2006 par le 39 Engineer Regiment britannique, il accueille plus de 28.000 personnels et compte pas moins de 600 mouvements d’avions par jour. Divisé en plusieurs parties (Bastion 1 et 2), il compte plusieurs autres camps à l’intérieur (Barber et Leathemek pour les Marines américains, Viking pour les militaires danois, Shorabak pour l’armée nationale afghane). Enfin, il est accueille également un hôpital de campagne.
Etant donné qu’il a été construit dans un endroit désertique rend plus simple la surveillance de ses environs, laquelle est assurée par une panoplie complète d’équipements électroniques, comme des caméras thermiques ou encore des radars de détection de mouvement. L’enceinte dispose en outre de miradors et des patrouilles cynophiles en font régulièrement le tour. Qui plus est, l’enceinte est surmontée de fils barbelés. Bref, ce n’est pas Fort Knox mais presque.
Cela étant, cela n’as donc pas empêché les insurgés afghans de lancer une attaque, le 14 septembre, à 22h15, heures locales. Tout a commencé quand un kamikaze s’est fait exploser contre un mur de la base, ouvrant ainsi une brèche par laquelle trois équipes de rebelles ayant revêtu des uniformes de l’armée américaine ont pu s’engouffrer.
Si 14 d’entre eux ont été neutralisés et 1 autre fait prisonnier, il n’en reste pas moins qu’ils ont eu le temps de faire des dégâts : 2 Marines américains tués, 9 autres membres de l’ISAF blessés (dont un civil), 6 avions de type AV-8B Harrier II et 3 stations de ravitaillement détruits, 6 hangars d’aéronefs endommagés.
Visiblement, les assaillants, comme l’a suggéré l’ISAF dans un communiqué, ont été bien entraînés pour cette attaque. “Il y avait coordination, précision. L’assaut était ciblé, à l’image de ce que ferait un commando de style occidental. C’était une attaque de type forces spéciales” a confié une source occidentale à l’AFP, qui a estimé que cette opération des rebelles était “un succès manifeste” étant donné qu’ils “ont réussi à détruire des avions au sol dans l’une des bases les plus sécurisées du pays” au point que, pour reprendre le mot d’un reporter du Telegraph qui s’y est rendu à plusieurs reprises, l’on y “avait plus de chance de se faire renverser par un véhicule militaire que d’être tué par des insurgés.”
Aussi, il n’est pas exclu que les insurgés aient bénéficié de complicités à l’intérieur du Camp Bastion pour planifié leur opération. D’ailleurs, à ce sujet, et toujours dans la province du Helmand, le lendemain, une nouvelle attaque “Green on Blue”, c’est à dire commise par un membre des forces de sécurité afghane, a fait deux tués parmi les militaires de l’ISAF.
Cela étant, le mode opératoire utilisé contre le camp Bastion fait penser à d’autres attaques commises ces dernières années, en Afghanistan et surtout au Pakistan. Ainsi, les jihadistes pakistanais ont agi de la même manière, en août dernier, lors de l’assaut donné contre la base aérienne de Minhas, située à une quarantaine de kilomètres d’Islamabad.
Et l’on pourrait également citer l’attaque de la base de navale de Karachi (mai 2011) ou encore celle du quartier général de l’armée pakistanaise, à Rawalpindi, en octobre 2009. En Afghanistan, plusieurs assauts ont été donnés dans des circonstances semblables, comme en juin dernier, contre la FOB ((Forward Operating Base) de Salerno, dans la province de Khost. Les aérodromes de Jalalabad, de Bagram et de Kandahar ont également été attaqués.