Pour la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous le commandement de l’Otan, l’année 2011 aura été marquée par des « succès remarquables » ainsi que par des « avancées considérables » contre les mouvements insurgés afghans.
C’est du moins ce qu’a fait valoir son porte-parole, le général allemand Carsten Jocobson, le 24 janvier, confirmant ainsi d’autres déclarations antérieures faites par des officiers de l’ISAF.
Ainsi, dans le sud afghan, et notamment à Kandahar, cible d’une vaste offensive de la coalition internationale en 2010, les insurgés ont perdu l’initiative. D’où la raison pour laquelle, selon le général Jacobson, ils ont désormais davantage recours aux engins explosifs improvisés dissimulés le long des routes.
Dans l’est du pays, théâtre d’une importante activité du réseau Haqqani, dont le gros des troupes a établi ses bases arrière au Pakistan, deux offensives menées l’an passé ont permis de pertuber le fonctionnement et de neutraliser 500 combattants de cette faction.
Cela s’est traduit par une diminution – la première depuis 2003 – des pertes de l’ISAF, avec 566 tués contre 711 en 2010, ce qui reste supérieur à celles enregistrées deux ans plus tôt.
Cette baisse peut aussi s’expliquer par le fait que la coalition internationale intervient de plus en plus en appui des forces afghanes. En revanche, le contingent français, avec 26 tués dans ses rangs, a vu ses pertes multipliées par 1,6 par rapport à l’année précédente.
Une des explications est que les troupes françaises sont déployées dans une zone stratégique pour accéder à Kaboul et à Bagram, d’où la pression des insurgés sur ce secteur.
Par ailleurs, et c’est là l’un des points essentiels de la stratégie arrêtée en novembre 2010 lors du sommet de l’Otan à Lisbonne, laquelle vise à transférer la sécurité de l’Afghanistan aux forces de sécurité locales d’ici fin 2014 (50% du territoire concerné au printemps 2012), les effectifs de l’armée nationale afghane ont atteint le seuil de 180.000 hommes tandis que ceux de la police a été porté à environ 144.000 personnels.
Toutefois, des doutes subsistent non pas tant sur la capacité de ces troupes à manier des armes mais sur leur fiabilité.
Aussi, ces progrès « considérables » pour reprendre les termes du général Jacobson restent fragiles et doivent être nuancés, notamment sur le plan militaire.
D’une part, les chiffres avancés par l’ONU font état d’une hausse de 39% des incidents armés en 2011 et les insurgés sont toujours en mesure de planifier des coups d’éclat, comme par exemple l’attaque en plein Kaboul de l’ambassade américaine.
Aussi, et comme la coalition internationale a la montrealorsque les insurgés ont le temps pour eux, l’on pourra tirer un bilan positif ou négatif de l’action de l’ISAF après 2014, quand les forces afghanes auront à assumer seules la sécurité de leur pays.
Sur le plan civil, le général Jacobson a communiqué les quantités de drogues saisies en 2011, ce qu’il n’avait pas fait au début de cette année, se contentant de parler de prises « incroyables » faites par les troupes de la coalition.
Ainsi, ce sont 160 tonnes de graines d’opium, 98 tonnes d’opium, et 9 d’héroïnes ainsi que 149 tonnes de haschich et 61 autres de marijuana qui ont été confisquées. Pour rappel, le trafic de produits opiacés, dont l’Afghanistan fournit 90% de la production mondiale, sert à financer les opérations de l’insurrection.
Le porte-parole de l’ISAF a également mis en avant le nombre d’enfants afghans désormais scolarisés. De moins d’un million à l’être en 2008, ils seraient désormais 8 fois plus.