Ne vous étonnez pas de recevoir des réponses, fussent-elles des critiques, quand vous donnez votre vie privée en pâture : on jugera toujours votre méthode éducative si vous en causez. Inutile en outre de donner les mensurations intégrales de votre bonhomme, ni le temps que prend son bus pour aller au lycée, je pense que sur des données pareilles, vous n’êtes pas un cas exceptionnel ! Ce qui a été relevé est que votre garçon n’a pas refusé de suivre par conscience politique mais pour rester au chaud. Il a cependant fait la quenelle, ce qui suppose qu’il sait à qui il avait affaire non ? Ou bien il la reproduit sans en comprendre le sens.
A 16 ans, un ado est rarement politisé, et s’il l’est c’est souvent de façon grossière, ce qui est normal. De la conscience politique à 16 ans ! Vaste connerie. Je suis déjà pour la suppression de la philo en terminale parce que les ados n’y comprennent rien : et si on leur apprenait à écrire et compter ?
A cet âge, je pensais aux filles, à la taille de mes biceps, je lisais, je rêvais d’aventures et de sensations, et j’ai toujours refusé de suivre le troupeau lors des grèves. La première raison était que je voulais qu’on me foute la paix, la seconde que je pensais assez justement que mes copains grévistes étaient cons comme des bites et voulaient juste sécher des cours. La troisième, très valable, était que je n’y comprenais RIEN à leur grève. Et je retournais vite m’intéresser aux filles, me prendre pour Clint Eastwood, bref un petit jeune qui rêve de devenir un homme. Construire son propre champ de connaissance, suivre un rêve, se vouloir un héros, même si tout cela est ridicule ou finit par s’effondrer, c’est cela qui fait un adolescent sain selon moi. Le pays se meurt parce qu’il n’y a plus de héros, que les gamins ne croient plus, ne rêvent plus : s’ils en sont à parler politique, déjà récupérés par des mouvements syndicalistes, alors ils sont déjà morts, foutus, sans rêves, écrasés par le réel le plus triste, et toute leur vie ils seront des manifestants, c’est-à-dire des types qui suivent le troupeau en répétant la consigne. La jeunesse c’est l’énergie, c’est l’envie d’indépendance, et la recherche de soi. Faire de la politique à 16 ans, revendiquer, répéter, hurler en rangs, c’est mortifère et anormal. Découvrir une activité manuelle, un art, un sport, tomber amoureux, inventer, rire, se prendre pour Clint Eastwood, à 16 ans, c’est la vie.