« Les dirigeants des pays de l’OTAN se réunissent ce mardi et ce mercredi en sommet à Watford, près de Londres, pour le 70e anniversaire de l’alliance, mais l’ambiance est loin d’être festive à cause de multiples différends. Le plus virulent oppose Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan au sujet de l’intervention lancée par Ankara dans le nord-est de la Syrie sans en informer les autres membres de l’Alliance. » (BFM TV)
L’OTAN, combien de divisions ?, aurait pu ironiser Staline, si le petit père des peuples (déportés) n’avait pas été un peu empoisonné il y a 66 ans. En demandant aux pays européens de mettre la main à la poche pour entretenir le parapluie nucléaire et conventionnel américain qui a quand même coûté aux Européens la bagatelle de 130 milliards de dollars depuis 3 ans, Trump continue à mettre le souk dans une Alliance atlantique qui n’en finit pas de se déliter. Poutine peut se frotter les mains !
La stratégie fine du président russe (depuis 1999, vive la non-alternance) qui consiste à endormir ses ennemis potentiels de l’Ouest qui sont aussi de gros acheteurs de gaz et éventuellement du système de défense S-400 (qui réduit à néant les coûteux systèmes d’attaque américains), a brouillé les cartes. Erdoğan en a acheté, le chantage des Américains n’a pas pris (Trump voulait mettre l’économie turque à genoux, ses paroles sont restées creuses), car les USA ont trop besoin de la Turquie dans la région, particulièrement pour faire la police au nord de la Syrie, d’où les Américains ont préféré se désengager. Comme souvent avec Donald, tout se termine en chamailleries sur le pognon :
« Beaucoup [...] craignent un nouveau coup de sang de Donald Trump. L’année dernière à Bruxelles, il avait pris à partie Angela Merkel, accusée de ne pas payer assez et de contribuer à l’effort militaire de la Russie avec ses achats massifs de gaz. Les alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2 % de leur PIB pour leurs dépenses militaires en 2024. Neuf pays ont atteint cet objectif en 2019 et si la France va l’atteindre en 2025, l’Allemagne est encore très loin du but. »
Dès lors, on ne sait plus de quel côté penche la Turquie, pourtant pivot essentiel de l’OTAN à la confluence de l’Europe et de l’Asie, la brouille Erdoğan-Macron n’étant qu’un épiphénomène. N’oublions pas dans ce tableau foireux la sécession européenne de l’Angleterre, qui se retire de fait de la défense européenne, et la France qui ne veut pas lâcher sa propre dissuasion nucléaire, même si l’Allemagne semble vouloir la partager.
En effet, les Allemands, sous la baguette de Merkel, ne font plus trop confiance à l’Amérique en général pour la défense de son intégrité et à Trump en particulier, qu’elle déteste profondément, d’où un rapprochement possible sous parapluie nucléaire français...
L’Allemagne, qui n’a pas le droit de construire la Bombe, rapport au traité de non-prolifération (et aussi à ses bêtises pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a laissé quelques séquelles chez ses voisins), peut en revanche « partager » les coûts grandissants de l’armement nucléaire français... Mais les puissants écolos allemands (qui font et défont les alliances outre-Rhin), ont eu vent de cette possibilité et sont vent debout contre toute nucléarisation de leur pays... qui est pourtant sous parapluie nucléaire américain !
« Le “parapluie américain” de l’Europe est surtout assuré par des mesures dites de “dissuasion élargie”, avec la mise à la disposition d’une partie des armes nucléaires stratégiques et non stratégiques des États-Unis, toujours dans le cadre de l’article 5 de l’OTAN. En Europe, le nombre d’armes nucléaires déployées par les Américains a été diminué de 97 % depuis les années 1970. Mais il reste environ encore 160 bombes nucléaires B61 à gravitation installées sur six bases dans cinq pays de l’OTAN (Italie, Allemagne, Turquie, Pays-Bas et Belgique) et qui peuvent être emportées par des avions, actuellement des Tornado et des F16. » (Les Échos )
Dernière chose, ce sommet de l’OTAN comporte un volet sur la Syrie associant le demi-fou Boris Johnson maladivement anti-russe et la chancelière Merkel, fragilisée dans son propre pays : comme si le sommet d’Astana réunissant Turcs, Russes et Iraniens n’avait jamais existé !
Vous avez dit bordel multipolaire ?
Dernière minute : Trump attaque Macron (RT France)
Ce 3 décembre, quelques heures avant sa rencontre avec Emmanuel Macron dans le cadre du 27e sommet de l’OTAN organisé à Londres, Donald Trump n’a pas mâché ses mots concernant le jugement porté en novembre dernier par le président français au sujet de l’Alliance atlantique, qu’il estimait alors en état de « mort cérébrale ».
« Je pense que c’est très insultant », a-t-il déclaré lors d’un point de presse tenu avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg. C’est un jugement « très, très méchant a l’adresse de 28 pays », a-t-il ajouté qualifiant dans la foulée cette position de « très dangereuse » pour la France. « Personne n’a besoin de l’OTAN plus que la France », a-t-il martelé. »