Lundi, au moins 700 millions d’euros ont été retirés aux guichets.
Devant l’incertitude politique et économique, les Grecs ont procédé à des retraits massifs sur leurs comptes en banque.
D’après la transcription des discussions que le président grec Karolos Papoulias a eues mardi avec les chefs de file des partis politiques grecs, 700 millions d’euros au moins ont été retirés aux guichets pour la seule journée de lundi.
"M. (George) Provopoulos ( gouverneur de la banque centrale grecque) m’a dit qu’il ne s’agissait pas de panique, mais d’une grande peur qui pourrait évoluer en panique", a dit le président grec à ses interlocuteurs.
"Les retraits et les sorties à 16h00, lorsque je l’ai appelé, excédaient les 600 millions d’euros et atteignaient les 700 millions d’euros. Il s’attend à des sorties totales de l’ordre de 800 millions d’euros", a ajouté le président grec.
Les retraits se sont poursuivis au même rythme mardi, et ont dans l’ensemble confirmé les estimations données par le président, selon des sources provenant de deux banques grecques.
Une telle quantité de retraits en deux jours est inhabituelle, même si cela fait plusieurs années que les Grecs retirent d’importantes sommes de leurs banques. Un cadre du secteur bancaire a cependant précisé qu’il n’y a pas eu de signes d’une panique équivalente à celle qui avait éclaté en avril 2010. Huit milliards d’euros avaient été retirés, juste avant le premier plan de sauvetage de la Grèce.
Dans ce contexte, l’inquiétude des investisseurs est plus que jamais ravivée.
"L’attention des investisseurs va se focaliser sur les risques d’une contagion de la crise grecque à d’autres pays fragiles de la zone euro", Espagne et Italie notamment, ont noté les économistes du Crédit Agricole.
La Grèce se prépare à de nouvelles élections pour la deuxième fois en moins de deux mois, un scrutin à haut risque dans un pays en pleine déroute économique. Les dirigeants politiques grecs ont mis le pays sur cette orbite lundi, après dix jours de tractations infructueuses pour tenter de former un gouvernement de coalition après les législatives du 6 mai, qui ont tourné au vote-sanction contre la rigueur et n’ont accouché d’aucune majorité.
La date de nouvelles législatives censées mettre fin au vide politique actuel doit en principe être précisée mercredi après-midi à l’issue d’une réunion des chefs des partis sous l’égide du président de la République Carolos Papoulias, cette fois en vue de la formation d’un exécutif temporaire chargé d’organiser le scrutin.
Un contexte qui suscite la panique en Grèce, mais également des inquiétudes sur les places financières européennes.
Après avoir ouvert dans le rouge, toutes les Bourses européennes creusaient leurs pertes ce matin. A 09H30 (07H30 GMT), Paris se repliait de 0,95%, Londres de 1,18%, Francfort de 1,23%, Madrid de 1,87% et Milan de 1,29%.
"Nous sommes vraisemblablement replongés dans le même état d’esprit qui avait prévalu tout l’an dernier, quand les marchés financiers étaient uniquement préoccupés par l’évolution de la zone euro et notamment par la situation en Grèce", a commenté le courtier IGMarket.
L’euro, qui s’était déjà enfoncé sous le seuil de 1,28 dollar mardi, a chuté en dessous de 1,27 dollar, à 1,2689 dollar, sa valeur la plus faible depuis le 16 janvier, avant de se stabiliser.
Le marché obligataire, où se négocie la dette souveraine des Etats, se montrait également nerveux ce matin, l’écart de taux entre l’emprunt espagnol à 10 ans et l’allemand, faisant référence dans la zone euro, atteignant un record historique autour des 500 points de base.
En début de matinée, les taux espagnols à 10 ans s’inscrivaient à 6,495%, ceux de l’Italie frôlaient les 6% tandis que les taux allemands atteignaient un plus bas historique à 1,434%.
Mardi soir, la Grèce était au menu de la rencontre entre la chancelière allemande Angela Merkel et le nouveau président français François Hollande. Les deux responsables se sont dits prêts "à étudier la possibilité de mesures supplémentaires pour la croissance en Grèce", si Athènes le demandait. Ils ont aussi affirmé leur volonté que le pays "reste dans la zone euro".
M. Hollande, sur lequel mise Athènes pour alléger la rigueur que ses créanciers internationaux lui ont imposée depuis 2010, a réaffirmé qu’il voulait renégocier le pacte budgétaire, destiné à durcir la discipline des comptes publics des Etats de la zone euro, pour y adjoindre un volet croissance.