« Approfondissent de la dimension théologique du dialogue entre juif et catholique. »
« Cela réfléchit le changement vraiment révolutionnaire dans l’approche catholique envers les juifs et le judaïsme. »
En grandes pompes, le 8 décembre 2015, le pape François a ouvert le Jubilé de la Miséricorde, temps de réconciliation et de pardon, pour fêter le 50e anniversaire de la fin du concile Vatican II et, selon l’évêque de Rome, « la monumentale richesse de foi » (sic) qu’il a répandue sur le monde.
Les fruits de cet anniversaire ne se font pas attendre : après le scandaleux spectacle mondialiste et naturaliste sur la façade de Saint-Pierre de Rome, le 10 décembre 2015, eut lieu, dans la salle vaticane Jean-Paul II, une conférence de presse de présentation d’un document de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme pour commémorer le 50e anniversaire de Nostra Ætate. Un pas de plus dans l’abandon de la théologie catholique par les hommes d’église eux-mêmes au profit d’une nouvelle théologie est accompli. Est-ce si étrange d’ailleurs ? À nouvelle église, nouveaux sacrements, nouveau droit canon, nouvelle religion et nouvelle théologie !
Le document Nostra Ætate adopté le 28 octobre 1965 stipulait que « les juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de l’Écriture ». Un nouveau regard est porté depuis sur le peuple juif, sa vocation unique dans l’histoire et la permanence de sa mission universelle à l’égard des nations. À partir du document conciliaire, toute la théologie du salut et de la révocation de l’Ancienne Alliance au profit de la Nouvelle Alliance est revisitée et graduellement abandonnée au profit d’une nouvelle théologie du salut qui nie la théologie de la substitution et interdit aux catholiques tout prosélytisme envers les juifs.
« Les réflexions catholiques romaines décrivent le respect croissant pour la tradition juive qui s’est développé depuis le concile Vatican II. Un approfondissement de l’appréciation catholique de l’alliance éternelle entre Dieu et le peuple juif, de même qu’une reconnaissance de la mission donnée par Dieu aux juifs de témoigner de l’amour fidèle de Dieu, conduisent à la conclusion que des campagnes qui visent à convertir des juifs au christianisme ne sont plus théologiquement acceptables dans l’Église catholique », expliquent les évêques américains en 2002 dans un document publié par le Comité épiscopal des Affaires œcuméniques et interreligieuses.
Pour Jean-Paul II, les juifs doivent être considérés comme « nos frères aînés ». Pour François, dans un discours prononcé le 30 juin 2015, aux membres du Conseil international des chrétiens et des juifs, « les confessions chrétiennes trouvent leur unité dans le Christ ; le judaïsme trouve son unité dans la Torah. Les chrétiens croient que Jésus-Christ est la Parole de Dieu qui s’est fait chair dans le monde ; pour les juifs la Parole de Dieu est présente surtout dans la Torah. Ces traditions de Foi ont toutes deux pour fondement le Dieu Unique, le Dieu de l’Alliance, qui se révèle aux hommes à travers sa Parole. Dans la recherche d’une juste attitude envers Dieu, les chrétiens s’adressent au Christ qui est la source de vie nouvelle, les Juifs à l’enseignement de la Torah. » Est-ce une juste attitude envers Dieu que de nier le Christ, son Fils unique, comme seul et unique sauveur des hommes, ce que fait si publiquement le document présenté le 10 décembre 2015 ?
Benoit XVI avait en son temps été favorable à l’écriture d’un tel texte, qui contient de nombreuses références de l’Écriture Sainte mais également de la Mishna et du Talmud, et qui prend forme sous le pape François. Réalisé par la Commission pour le dialogue entre juif et catholique, ce travail a reçu l’aide et le soutien de la Congrégation de la doctrine de la foi et particulièrement du Cardinal Müller, actuel président de cette congrégation, qui est vivement remercié pour sa compétence. S’il est bien affirmé que ce n’est pas un document officiel de Magistère de l’Église catholique, ce document affiche comme but de donner une impulsion pour d’ultérieures discussions théologiques, selon l’objectif fixé par François lui-même.
Plusieurs points sont abordés dans ce document, qui veut œuvrer au changement théologique initié au concile Vatican II sur le salut et la permanence de la mission d’Israël et continuer à éduquer les mentalités catholiques à avoir une autre approche envers les juifs, qui ne sont pas à convertir :
« De la confession chrétienne d’une seule voie de Salut ne découle pas cependant que les juifs sont exclus du salut de Dieu parce qu’ils ne croient pas en Jésus-Christ comme le Messie d’Israël et le Fils de Dieu… Dieu a donné à Israël une mission unique (…) Le fait que les juifs ont part au salut de Dieu n’est théologiquement plus à discuter, mais comment cela sera possible sans une confession explicite du Christ est et demeure un mystère divin insondable. » [...] « L’Église doit donc comprendre l’évangélisation envers les juifs, qui croient à l’Unique Dieu, de manière différente par rapport à celle dirigée vers ceux qui appartiennent à d’autres religions ou ont d’autres visions du monde. Cela signifie concrètement que l’Église catholique ne guide pas ni n’encourage aucune mission institutionnelle tournée spécifiquement vers les juifs. (…) les chrétiens sont appelés à rendre témoignage de leur foi en Christ même devant les juifs ; ils doivent le faire cependant avec humilité et sensibilité, reconnaissant que les Hébreux portent la Parole de Dieu et en gardant à l’esprit la grande tragédie de la Shoah. »
Le rabbin David Rosen, invité à s’exprimer à cette conférence de presse de présentation du document, a cette formule qui résume l’idée : « Le Judaïsme est une source vivante d’inspiration divine pour l’Église catholique. » « Ceci réchauffe le cœur, cela réfléchit le changement vraiment révolutionnaire dans l’approche catholique envers les Juifs et le Judaïsme. C’est une révolution copernicienne », ne peut-il s’empêcher de s’exclamer. Sur ce point nous serons bien d’accord avec lui !
On peut se demander cependant quel est l’objectif principal des juifs dans ce dialogue révolutionnaire. Travaillent-ils, vraiment, si intensément, depuis 50 ans, à « un approfondissent de la dimension théologique du dialogue entre juif et catholique » uniquement dans le but de changer la théologie du salut de l’Église catholique ? Où se servent-ils de ce dialogue révolutionnaire comme moyen pour hâter l’avènement de l’ère messianique annoncée par les prophètes où Israël retrouvera son héritage, son rôle d’unique peuple sacerdotal et sa vocation d’apporter le salut aux nations ?
Pour discerner cela, il faut considérer un des thèmes majeurs du document présenté :
« Un des objectifs importants du dialogue juif-chrétien consiste indubitablement dans l’engagement commun en faveur de la justice, de la paix, de la sauvegarde du créer et de la réconciliation dans le monde entier. »
Cette propective est bien à rapprocher de l’attente, par les juifs qui ont refusé le Christ, de cette ère messianique que le grand rabbin de Paris, Jacob Kaplan, décrivit en 1966 lors d’un dialogue public avec le père Daniélou :
« Selon notre doctrine, la religion juive n’est pas seule à assurer le salut. Sont sauvés tous ceux qui, n’étant pas juifs, croient au Dieu suprême et ont une conduite morale, obéissant aux lois dîtes noachides, celles que le créateur a prescrites à Noé. […] En conséquences, les rabbins enseignent que les justes de toutes les nations ont droit au salut éternel. C’est uniquement pour les juifs qu’en plus des lois noachides il y a les prescriptions de la Thora, la loi de Moïse, lesquelles ont raison d’être dans le projet divin de former un peuple destiné à une action religieuse dans le monde. L’espérance d’Israël, ce n’est donc pas la conversion du genre humain au judaïsme,mais au monothéisme. Quant aux religions bibliques, elles sont, déclarent deux de nos grands théologiens, des confessions qui ont pour tâche de préparer avec Israël l’avènement de l’ère messianique annoncée parmi les prophètes. Alors nous souhaitons ardemment travailler en commun à la réalisation de cet idéal essentiellement biblique […] Par là nous pourrons hâter l’ère messianique, qui sera celle de l’amour, de la justice, de la paix. […] »
On dirait bien que François, à la suite de tous les papes conciliaires dont il est un fidèle disciple, a bien assimilé l’enseignement judaïque et talmudique. N’est-il pas déjà convaincu qu’il n’y a qu’un Dieu unique de toutes les religions et qu’un gouvernement mondial est nécessaire pour protéger la maison commune et donner amour, justice et paix au monde ? Ce nouveau document sorti des officines du Vatican avec son placet pour fêter les 50 ans de Nostra Ætate est un pas de plus accompli, par l’Église conciliaire, dans la destruction de la théologie catholique, dans la négation du Christ seul et unique sauveur, et par voie de conséquences de l’œuvre de la Rédemption. C’est aussi une avancée considérable dans la mise en place d’une religion mondiale, fondement spirituel de l’ère messianique tant attendue par le peuple qui a crucifié le Christ.