05/07/1830 Prise d'Alger
Vive le Roi Charles X le Victorieux !
Vive M. le Maréchal de Bourmont !
"Vingt jours ont suffi pour la destruction d’un État dont l’existence fatiguait l’Europe depuis trois siècles" Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont ; Ordre du jour du 06/07/1830 pic.twitter.com/i8Dl5h8hKs— Louis de Lauban (@Louis_de_Lauban) July 5, 2022
Il y a 60 ans l’ #Algerie devenait indépendante après 132 ans de colonisation. Longue vie au peuple algérien !
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) July 5, 2022
Soixante ans après l’indépendance de l’Algérie, la délicate
transmission de la mémoire dans les familles
Ceux qui ont vécu la guerre d’Algérie puis la décolonisation n’ont pas toujours raconté cette période à leurs descendants français. Ce que savent les jeunes est parfois passé par des anecdotes, des pratiques culturelles ou des silences.
« Tu as tué des gens ? » Lucien avait une dizaine d’années lorsqu’il a posé cette question à son grand-père, un ancien appelé du contingent français durant la guerre d’Algérie. Il était intrigué par un pistolet exposé dans son bureau. La réponse fut aussi brève que sèche. « Non, mais j’ai vu des gens mourir », rétorqua son aïeul. « J’ai compris à son ton grave qu’il valait mieux ne pas creuser », se remémore l’étudiant de 20 ans. « C’est un moment qui m’a marqué. Je n’ai plus osé le réinterroger pendant longtemps après. »
Comme Lucien, des milliers de descendants de femmes et d’hommes ayant vécu la guerre d’Algérie font face à la mémoire douloureuse et souvent silencieuse de cette histoire dans leur famille. Selon une étude citée dans l’ouvrage Les jeunes et la guerre d’Algérie de Paul Max Morin, 39 % des jeunes Français aujourd’hui âgés de 18 à 25 ans ont dans leur famille au moins un membre qui a été concerné par cette guerre dont le nom a longtemps été tu.
Petits-enfants d’appelés, de harkis, de pieds-noirs, d’indépendantistes... Ils ont moins hérité de cette mémoire par le biais de dates et de récits précis que par des non-dits, des anecdotes, des plats ou des moments partagés. À l’occasion des soixante ans de l’indépendance de l’Algérie, six d’entre eux se sont confiés à franceinfo.
La nostalgie d’un « endroit paradisiaque »
Plus que la mémoire de la guerre d’Algérie, c’est celle de l’Algérie tout court qui est transmise dans les familles. Depuis qu’elle est petite, Louisa en entend parler par son père. « Il m’a toujours décrit “Tizi” comme d’un endroit paradisiaque », se souvient cette petite-fille de combattants du Front de libération nationale (FLN). Tizi Maghlaz, un village de Kabylie niché au sommet d’une montagne donnant sur la vallée de la Soummam. Dans les souvenirs de son père, il y avait des figuiers, des oliviers et une petite rivière où il allait jouer. « Pour lui, le village est associé à la nature, mais aussi à la résistance. Un premier congrès du FLN s’était tenu dans la vallée », développe la journaliste de 26 ans.
Dans la famille de Meryl, 33 ans, la mémoire de l’Algérie est teintée de nostalgie, de regret. Lorsque sa grand-mère paternelle, pied-noir d’origine espagnole, l’évoquait, c’était pour parler de « chez elle », de la vie paisible qu’elle avait quittée contre son gré. De ces paysages ensoleillés, de la mer, et des glaces qu’on pouvait y manger.
« Ma grand-mère racontait l’entraide qu’il y avait dans son quartier populaire d’Oran. Quand elle travaillait, elle laissait les enfants aux voisines qui les faisaient manger. »
Meryl, petite-fille de pieds-noirs
Après leur arrivée en France en 1962, dans le Var, Meryl a le souvenir qu’à chaque mariage, il y avait toujours quelqu’un qui trinquait à « l’Algérie française ». « Pas parce qu’ils se voyaient comme des colons, c’étaient des ouvriers, mais parce que l’Algérie était leur pays », explique-t-elle.
La transmission par la culture
Sans en avoir conscience, Meryl grandit « dans une culture pied-noir ». Lors des repas de famille, la nourriture occupe une place centrale : « Ma grand-mère préparait du couscous, de la paella, du gaspacho oranais. Pour Noël, il y avait des mantecaos, des petits gâteaux sablés ».
Chez Anahi, 25 ans, petite-fille d’Algériens nés dans les années 1920 près de Sétif, le « peu de choses » qui lui restent du pays de ses grands-parents passe aussi par l’assiette. Lors des retrouvailles avec ses oncles et tantes, « on parle très peu de l’Algérie, mais on cuisine ensemble ». Les femmes partagent des recettes, apprennent aux plus jeunes des techniques de cuisson : « On cuisine le couscous, la chorba – une soupe à base de pâtes –, des makrouts... C’est un moment de transmission ».
« Je ne parle pas l’arabe. Avec ma famille en Algérie, on communique par la cuisine. »
Anahi, petite-fille d’Algériens
L’Algérie survit aussi par la musique. Meryl a grandi en entendant Le Mendiant de l’amour et Les Filles de mon pays d’Enrico Macias lors des fêtes de famille. « C’est légèrement cliché, je sais, mais j’en ai gardé une culture de la fête », s’amuse-t-elle.
« On m’a traitée de “sale harki” à l’école »
L’histoire avec un grand « H » surgit quand personne ne s’y attend. Soraya était en 6e quand la guerre d’Algérie a fait irruption dans sa vie. « Quelqu’un m’a craché dessus à l’école et m’a traitée de “sale harki de merde” », raconte cette petite-fille de supplétifs engagés dans l’armée française. C’est la première fois qu’elle entend le mot « harki » utilisé comme une insulte. Dans sa famille, on ne lui en a jamais expliqué le sens. Soraya sait juste que ses grands-parents ont été rapatriés en France en 1962 et placés dans des conditions misérables dans les camps de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) puis du Logis d’Anne (Bouches-du-Rhône). Qu’ils vivaient dans des baraquements insalubres et qu’il fallait marcher des kilomètres pour emmener les enfants à l’école.
« Quand les gens parlaient de harkis, je percevais le mot “traître”, alors que pour moi, c’était synonyme d’’expatrié’. »
Soraya, petite-fille de harkis
Lucien se souvient des silences de son grand-père, officier français dans le 65e bataillon du génie dans le Nord-Constantinois. Mais aussi de ces épisodes son déploiement en Algérie, évoqués avec gravité au détour de scènes du quotidien. Comme cette fois où, petit, Lucien « jouait à la guerre » avec un pistolet. « Mon grand-père m’a raconté les embuscades, des choses horribles qu’il avait vues sur le front. J’ai compris que la vraie guerre n’était pas un jeu », confie l’étudiant.
« Il m’a raconté ce qu’ils appelaient les “corvées de bois” dans l’armée : ils prenaient des prisonniers algériens et les abattaient. Il a vu des exactions, dont il a encore beaucoup de mal à parler. »
Lucien, petit-fils d’appelé français
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