C’est une bombe à retardement et une question à prendre très au sérieux, estiment les observateurs. Le chômage des jeunes en milieu urbain atteint désormais 40%, de quoi inquiéter les pouvoirs publics.
Pour l’économiste Abdlghani Youmni, interrogé par la chaîne France 24, les principales causes sont un enseignement inadapté au marché du travail.
« On a des jeunes qui ne savent rien faire, qui sortent de l’université ou qui sortent de l’école. On a du décrochage scolaire, on a un vrai problème de réforme de l’enseignement secondaire et supérieur, qui devient une urgence. »(Source : bladi.net)
Le chômage repart à la hausse en 2017
Après être passé sous la barre des 10% en 2016, le taux de chômage a connu une hausse en 2017. Le nombre de demandeurs d’emploi est en effet passé de 1.167.000 à 1.216.000 personnes, soit 49.000 chômeurs supplémentaires, selon les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP) dévoilés lundi 5 février.
Le taux de chômage est ainsi passé de 9,9% à 10,2% au niveau national, enregistrant une hausse de 14,2% à 14,7% en milieu urbain et une stagnation à 4% en milieu rural, précise le HCP.
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Comme l’année précédente, les jeunes de 15 à 24 ans sont la catégorie la plus touchée par le chômage : 26,5% d’entre eux n’ont pas de travail, contre 7,7% parmi les personnes âgées de 25 ans et plus.
Les détenteurs d’un diplôme sont également moins bien lotis que les non diplômés (17,9% contre 3,8%). Enfin, le taux de chômage est plus élevé chez les femmes (14,7%) que chez les hommes (8,8%).
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Le problème perdure, voir ce reportage de 2011 :
Après le discours du Roi en octobre 2017, le site medias24.com a proposé une analyse du modèle social marocain.
La destruction massive de postes de travail dans l’agriculture et l’industrie à la recherche d’une plus grande productivité réduit la création moyenne nette de travail à quelques milliers de postes sans rapport avec le volume et la qualité d’emplois nécessaires pour l’absorption des jeunes arrivants sur le marché du travail.
La politique active de l’emploi reste ancrée sur les dispositifs à l’adresse des jeunes diplômés, et pas suffisamment orientée vers les besoins, les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en étude, ni formation (les NEET : Neither in Employment or in Education or Training). Elle est encore moins adaptée à la recherche la valorisation des niches dans les pores des économies locales.
Les inégalités se perpétuent tout en épousant plusieurs formes :
les discriminations dans l’égalité de droit,
les inégalités de chances,
et inégalités de situations dans le cycle de vie.
La société marocaine bouge mais l’ascenseur social peine à entretenir sa vitesse. L’émergence d’une classe moyenne forte et étendue est entravée par la rigidité des positions dans les extrêmes du tissu social.
Dans sa forme actuelle, le modèle social marocain se caractérise donc par la coexistence de plusieurs logiques de protection sociale (assurances et assistance) et de plusieurs modes de financement (par les cotisations et par l’impôt), coexistence dont l’efficacité est régulièrement questionnée.
Les fondements du modèle social sont ébranlés par les déséquilibres de financement de compartiments du système (retraite, couverture médicale, ramed…). Le modèle social marocain aurait atteint ses limites et serait confronté à une crise de légitimité, de solvabilité et d’efficacité face à la montée des valeurs individualistes, à un financement déséquilibré et à un accroissement des inégalités entre les citoyens.
Aujourd’hui et à l’évidence, s’il est une question qui doit être traitée en continu et sur le long terme, c’est bien celle de la justice sociale.
Cette réflexion est nécessaire pour la réforme de notre politique de cohésion sociale, de notre système de protection sociale, de transferts sociaux, de répartition de revenus et nos politiques sociales.
Nous avons besoin de critères suffisamment clairs et opérationnels pour départager les inégalités acceptables ou justifiables de celles qui ne le sont pas afin d’orienter l’action.
Cette réflexion sur les principes de justice sociale est triplement nécessaire. Elle l’est d’abord économiquement car, pour définir correctement les politiques publiques, nous avons besoin d’une pensée claire sur les questions d’égalité et de justice.
Elle l’est ensuite politiquement, car elle constitue une exigence de la démocratie : pour bien fonctionner, celle-ci a besoin de principes régulateurs des conflits et de mécanismes de prévoyance sociale efficients.
Elle l’est systémiquement, la reconfiguration du modèle social devra tenir compte de l’insertion du Maroc dans la mondialisation qui soumet notre modèle économique à l’épreuve de la compétitivité.
Lire l’article entier sur medias24.com
Voici deux visages du Maroc en deux vidéos : Tanger Med, le complexe portuaire de rang mondial, et le travail des petites filles dites « bonnes à tout faire » :