On n’a pas dit que ce serait facile. Ceux qui veulent du facile trouveront facilement, ils sont partout, les Nuls et leur Intégrule, le DVD d’humour Canal sorti en 2006. Pour les exigeants, il y a l’intégrale de Soral.
La différence entre les vannasses des Nuls et la sociologie de Soral, c’est que les premières, une fois que tu les a vues, tu peux les oublier. D’ailleurs, on les oublie. En revanche, une fulgurance sociologique ou politique, ça ne s’oublie pas, ça reste, ça engramme dans le cerveau : ça fait une brique dans la tête et ça participe à une construction.
En plus, il y a de l’humour dans l’Intégrale, notamment dans les Abécédaires. Cet humour-là est différent de celui des Nuls : il divertit, et il fait réfléchir. Alors que l’humour des Nuls divertit sans faire réfléchir. C’est pas le même niveau, ou la même intention. Passée cette explication, revenons au sujet.
Normalement, pour ingurgiter ces 11 livres et les digérer, vu leur densité, il vous faudra, si vous avez un travail par ailleurs et peut-être une famille, allez, deux ans. Un Soral, ça ne se lit pas d’une traite, ça se déguste, pas simplement parce que c’est bon, mais ça demande du travail de mandibules, ça active les neurones, c’est pas du Annie Ernaux ou un essai à la Onfray.
On a pris une moyenne de 210 pages par ouvrage, (ça va de 142 à 280), sur 700 jours, sachant qu’on lit le soir au lit ou dans les transports en commun, ça fait 3 pages par jour, ce qui est acceptable. On peut monter à 10, ce qui fait avaler l’Intégrale en 230 jours environ, disons un an. Ce n’est donc pas insurmontable. En plus, vous pouvez mélanger les genres : un politique, un sociologique, un plus léger...
Question : à qui est destinée cette somme ?
Si vous avez déjà des ouvrages d’Alain Soral, ne paniquez pas. Si vous achetez l’Intégrale, vous aurez des doublons, d’accord. C’est l’occasion de faire tourner ceux que vous avez déjà lus et relus, et qui sont un peu usés. Offrez-les à des amis tentés par l’intelligence, par exemple des gauchistes. On en connaît tous, et c’est trop facile de les critiquer et de ne pas les aider : vous vous foutez de la gueule d’un unijambiste alors que vous avez une prothèse de jambe chez vous ? Non. C’est pareil avec un malade : vous voyez autour de vous quelqu’un qui a mal à la gorge, eh bien vous lui donnez un bonbon au miel et à la propolis Au Bon Sens (sauf s’il se soigne à l’ancienne, à la patience).
Donc si vous avez un beau-frère ou une belle-sœur gauchiste, avec qui vous vous engueulez régulièrement sur la Russie ou le Hamas, les Gilets jaunes ou le covid, JFK ou le Bataclan, vous lui offrez le Soral que vous avez en trop, pour garder intacte la belle collection et faire une bonne action. Certes, la lecture d’un Soral peut leur faire un peu mal à la tête au début, mais on n’a rien sans rien, et puis il faut y aller doucement. Commencez donc par de l’accessible, les Abécédaires, la drague, puis montez doucement en température, oui, comme la grenouille dans l’eau froide. Ainsi, vous pourrez finir par les morceaux qui demandent déjà une certaine structure mentale.
Après, ils vous remercieront. Et s’ils sont pas contents, reprenez vos livres et donnez-les à plus méritants. Le Christ l’a dit, en substance : il y a des graines qui mourront en terre, d’autres qui seront mangées par les corbeaux, d’autres encore qui sécheront au soleil, mais parmi elles une deviendra un arbre. C’est tout ce qu’on vous souhaite et qu’on souhaite aux gens qu’on aime (malgré tout).