Bien sûr, cette vidéo est l’œuvre d’un collectif gauchiste. Mais issu des Gilets jaunes – bon sang ne sait mentir, dit-on – et qui fut, en son temps, plutôt rétif aux injonctions vaccinales et est encore aujourd’hui réfractaire aux discours ukrainophiles médiatiques.
Et puis, surtout, il n’est pas inintéressant justement d’écouter ce que peut analyser l’œil gauchiste du militant de terrain qui sillonne la France revendicative et voit évoluer lentement les processus de révolte, leur organisation, leur visage sociologique.
Chacun trouvera à redire sur le contenu, par exemple les petites attaques contre l’extrême droite de ces belles âmes qui jouent à se faire peur (ou plutôt à faire peur aux autres) – ce fameux théâtre antifasciste avoué par Jospin. Ou bien encore les inévitables fadaises écologiques comme mantra incontournable du bréviaire progressiste.
Bref, ce qui est intéressant, c’est de constater la profondeur de l’enracinement de la colère et la forme d’organisation qui se met en place. Celle-ci est non pas élaborée et pensée de manière pyramidale ou imposée par un système, mais bien plutôt de manière anarchiste au sens premier – sans autorité et sans règles formelles. Des « collectifs » locaux, comme d’insaisissables entités qui sourdent de la terre, agissant telle une hydre à plusieurs tête dans des actions à faibles prévisibilités. Tout ce que détestent à la fois un gouvernement autoritaire et son bras policier.
Nous sommes un peu passés des Gilets jaunes première génération qui furent à l’époque comme un cri primal et donc rudimentaire, à des Gilets jaunes protéiformes desquels les organisations syndicales sont encore tenues à distance (en vérité ce sont elles qui constatent qu’elles n’ont plus la main et ne peuvent plus trahir en organisant leur éternel arrangement avec le pouvoir) et qui semblent s’être enracinés de façon durable, comme un lichen providentiel qui recouvrirait chaque jour davantage notre pays.