Aujourd’hui, 9 novembre, tous les médias sont sur les dents.
Radio France, en premier.
Sur l’ensemble des ses chaînes, basées pour un jour à Berlin, la radio publique consacre l’ensemble de ses émissions au 20ème anniversaire de la « chute du Mur ».
Pourquoi un tel déferlement de propagande ?
Pourquoi ce grand « show » avec la participation des ‘Grands » du monde occidental ?
Pourquoi aujourd’hui, alors que nos médias étaient bien plus discrets sur l’évènement, lors du 10ème anniversaire ?
Revenons en arrière.
En 1999, le monde était différent de ce qu’il est de nos jours.
Faisons un rapide tour d’horizon sur l’ensemble de notre globe.
La Russie est dépecée, disloquée, réduite à un territoire privé de l’Ukraine, de la Biélorussie et de ses Républiques caucasiennes et asiatiques. Elle est gouvernée par un satrape ivrogne, Boris Eltsine, qui vend les richesses nationales aux plus offrants, aux puissances étrangères, en premier lieu.
Les Etats-Unis se considèrent les maîtres du monde.
Cuba socialiste et ses dix millions d’habitants, isolés, pris au piège d’un blocus yankee, se débattent dans les plus profondes difficultés.
Le régime de Fidel Castro va-t-il pouvoir survivre à l’ombre de la bannière étoilée ?
Certes, au Venezuela, un militaire inconnu, Hugo Chavez, vient d’être élu président. Il proclame vouloir agir pour le peuple. Mais pourra-t-il mener à bien son programme démocratique, à une encablure de la flotte des Etats-Unis ?
L’Equateur, la Bolivie, le Nicaragua demeurent, pour l’heure, des satellites de Washington.
Sur le plan international, au Conseil de sécurité, qui se soucie de la Chine populaire, qui fait encore profil bas ? Elle estime n’être pas encore en état de peser sur les affaires mondiales.
L’impérialisme peut intervenir ouvertement dans les Balkans. Belgrade est quotidiennement bombardé par les avions de l’Otan. L’US Air force se permet de viser l’ambassade de Pékin.
Aussi, point d’ennemis menaçants, à l’horizon, pour les forces du Capital.
Celui-ci peut en 1999, faire l’économie d’une offensive anticommuniste, à partir de l’anniversaire de la chute du mur de Berlin.
Rien ne semble lors menacer sa toute puissance.
Le « péril rouge » n’est plus – ou pas encore revenu – à l’ordre des priorités de l’impérialisme.
En 2009, le monde a totalement changé. Les rapports de forces se sont inversés.
La Russie de Poutine et de Medvedev défendent pied à pied l’intérêt national russe, et ses richesses énergétiques d’Etat sont indispensables à la satisfaction des besoins européens.
La République Populaire chinoise est en passe de devenir la seconde puissance économique du monde. Sa diplomatie s’active sur tous les continents et sa voix est déterminante au sein des Nations Unies. La Russie et la Chine coopèrent étroitement dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shanghai.
« Rien maintenant ne peut plus se décider sans nous, à l‘échelle mondiale » a déclaré le président russe, lors de sa visite à Pékin, en mai 2008.
En Amérique latine, l’Alternative Bolivarienne des Amériques (ALBA) réunit Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua. Ces pays, développent une économie qui n’agit plus sous la contrainte de Washington.
Cuba n’est plus seul.
Dans les Etats considérés, il y a encore une décennie, comme « l’arrière-cour » des Etats-Unis, toutes les tentatives américaines de déstabilisation, fomentées par la CIA, ont échoué.
Au Proche-Orient, au Liban, le Hezbollah a mis en échec l’armée d’Israël en 2006. Et le Hamas, malgré l’hostilité des Occidentaux et l’offensive de Tel Aviv, contrôle toujours la bande de Gaza.
Le régime iranien peut mener une politique indépendante, malgré les pressions occidentales grâce au soutien de la Chine et de la Russie.
Tels sont les changements survenus en dix à peine, qui conduisent l’impérialisme à se considérer, à nouveau, menacé dans sa toute puissance.
Européens et Américains tentent de « criminaliser le communisme », face à l’ennemi de toujours : les peuples confrontés avec la dure réalité du capitalisme, aggravée par la crise et son cortège de misère, de chômage, d’atteintes aux libertés.
Le modèle du « marché »et de « la concurrence libre et non faussée » n’a plus cours.
Et, dans chaque pays, et en premier lieu en France, les regards, ceux de la jeunesse en particulier, pourraient se tourner vers une autre société. Le capital, mis sur la défensive, en est conscient.
D’où l’offensive idéologique développée à partir de la « chute du mur » de Berlin.
Jean LEVY