Les paysans se sont retrouvés dans l’obligation d’utiliser des intrants dans ces années. Distinguons les céréaliers, des maraîchers.
Les céréaliers français détenaient assez peu de surface au départ et pratiquaient la polyculture, l’élevage et la production de lait notamment afin de se garantir un petit pécule toute l’année. Les prix des céréales ont rapidement chuté à l’époque avec la croissance des échanges, de la mondialisation et de la fixation des cours des céréales. Le petit céréalier se retrouvait en concurrence avec l’agriculteur américain ou canadien par exemple qui était bien mieux outillé et qui a commencé à répandre des produits chimiques (Monsanto, BASF, DuPont...). Leur rendement augmentait au départ, et le risque de perte des récoltes était amoindri. Face à cette concurrence, l’agriculteur français n’avait pas d’autre choix que de suivre le train en marche ou mourir. Au fil du temps, le nombre d’agriculteurs a réduit et les tailles des parcelles ont augmenté. Je n’insiste pas sur les conséquences que cela a eu sur la faune du sol, sur les raisons de la réduction du rendement à l’hectare et le besoin permanent de toujours plus s’outiller.
Les maraîchers ont vu apparaître de nouveaux ravageurs, typiquement le doryphore, le phylloxéra ou des charançons peu présents auparavant. Sans chimie, c’est la perte sèche pour les maraîchers de l’époque, il n’existait pas d’internet ou d’autres outils pour se renseigner facilement. Le seul moyen de lutter, c’était les insecticides. L’arrivée de nouvelles menaces a été concourante avec les fongicides. La démocratisation des intrants phosphatées a aussi joué son rôle à l’époque. Dans les premiers temps, ils augmentaient leur rendement de façon importante et les prix restaient identiques. N’importe qui à leur place les aurait utilisés. On ne parle pas du petit potager du voisin, mais de leur moyen de survie.
Il est facile de critiquer avec notre vision de l’époque, de voir qu’aujourd’hui tout ceci a conduit à des maladies, a un besoin en permanence de ressourcer le sol, mais conjuguer à cela l’arrivée des quotas laitiers en Europe et vous verrez que l’agriculteur de l’époque n’avait pas vraiment le choix si il voulait vivre que de mettre les deux pieds dans la chimie.
Le potager des particuliers n’a fait que suivre le mouvement propulsé par les professionnels. Les variables que je n’ai pas utilisées : l’arrivée de la grande distribution en France, le marché des semences, l’évolution des coopératives ...