Fred ne rpond pas à la question : de quoi viviez-vous ? Mais on comprend que les femmes ont payé. Une vieille dame l’a nourri gratis, des oies blanches (comme on disait) de la bonne société ont prêté leur joliesse et présence pour rien, attirant sans le demander le client non déclaré. Celui-ci aussi a payé, sans obtenir grand chose, apparemment.
Il était, le Fred, le rigolo en chef du bistrot ; il est probable qu’il amoindrit modestement dans la vidéo la drôlerie de ses blagues, jugées par lui "non intello" donc comprises comme un peu bêtes ; mais elles plaisaient, sans doute héritées d’une tradition franco-gauloise, en réalité pleine de finesse : voilà qui séduisait et déroutait ces demoiselles bien élevées.
C’est le prototype du bon à rien, désespoir de sa pauvre mère, mais on comprend qu’il n’ait pas voulu "travailler" ni se marier au début des années cinquante : c’était dur, pas de chômage, villes noires aux plâtres écaillés, sévérité sociale et morale généralisée, surveillance des moeurs et coutumes par les voisins et familles.
Fred découvrait que les planqués et les parasites s’étaient enrichis pendant la guerre, et que le peuple français avait morflé et morflait encore (pas de logement, ou logement inconfortable, revenus faibles, prix des biens de consommation relativement élevés). Il s’est dit, comme Lallement : je choisis mon camp, celui des poil-dans -la-main. et puis cette guerre, ces tickets de rationnement, alertes à la bombe, histoires de camps... Il fallait rire et bambocher.
Il manque à Fred le bagout, la prétention et le total toupet des vrais parasites, les parvenus, il reste un bon gars français, issu de tavailleurs. Un jour, les Fred deviennent clochards.
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