La vidéo a fait le tour du monde (plus de 4 millions de vues sur YouTube). Presse française comme presse étrangère. Sur certains quotidiens québécois, elle est encore aujourd’hui affichée en Une. Et pour cause, elle est de prime abord révoltante. Un journaliste juif s’est baladé à Paris, une Kipa sur la tête, pendant dix heures. Résultat ? Des agressions antisémites, injures et crachats. Attention, tout ceci est un détournement honteux qui joue sur des codes établis.
[...] En y repensant, trouvez-vous cela normal que dix heures de rush ne parviennent qu’à produire une minute trente d’insultes et de crachats ? Même si c’est une minute trente de trop, ce sont plus de neuf heures qui ont mystérieusement disparu. Il manque donc une large partie de cette expérience, qui permet d’en dresser une vision objective.
Ensuite, avez-vous réellement écouté les insultes ? Le plus frappant dans cette affaire ce sont les sous-titres. Vous parlez français, donc écoutez bien. À environ 20 secondes, vous pouvez lire « Ça va t’es juif ». Si vous tendez l’oreille, vous entendrez plutôt « J’ai pas acheté de mouton ». Un détournement flagrant de la réalité. Tout comme les crachats qui ne sont jamais réellement montrés, dont le bruit peut provenir de nombreuses sources (feuilles mortes, plastique). Tout est suggéré ou détourné. Ce n’est pas un hasard, évidemment.
[...] Aliyah, le mot est lâché, et c’est le pourquoi de ce reportage à sensation. L’aliyah, c’est le retour en Israël, le retour au pays pour les juifs. Le gouvernement d’Israël est de plus en plus agressif sur la question, notamment en Europe. Il est même parfois maladroit et extrême dans ses propos, comme lorsqu’il utilisa les tragiques événements de Charlie Hebdo pour recommander aux Juifs de France de quitter le pays. Avec la recrudescence des attentats (Belgique, France, Danemark), une telle vidéo a pour vocation de faire vaciller les derniers verrous, de convaincre les juifs que l’Europe est envahie par l’Islam et qu’elle ne cherchera pas à les défendre.
Vous n’êtes pas la cible, vous êtes le relais. La vidéo ne s’adresse pas à vous, mais elle compte sur votre émotion pour être massivement partagée. Et ça marche.
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