Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 2004, deux des trois corps de fonctionnaires de la police nationale (officiers et commissaires) ont perdu, au total, 4610 postes. De leur côté, les gardiens de la paix et brigadiers ont vu leur effectif décroître, entre 2008 et 2010, de 1580 postes.
D’ici à 2012, si l’on tient compte des chiffres prévisionnels annoncés par la hiérarchie policière à ses troupes, ces trois corps pourraient finalement devoir assumer les départs, principalement à la retraite, de près de 10 104 policiers en huit ans.
Des départs qui n’ont pas été et ne seront pas compensés par le recrutement de jeunes. Alors que Nicolas Sarkozy, en tant de ministre de l’Intérieur, avait engagé une réforme des corps et carrières en 2004, destinée principalement à augmenter les effectifs de terrain, la révision générale des politiques publiques (RGPP), — entrée en vigueur en 2007, censée notamment réduire les dépenses de l’Etat en diminuant le nombre global de fonctionnaires — est venue contrecarrer ces plans.
Près de 4300 gardiens de la paix en moins.
Le plus lourd tribut est payé par les gardiens de la paix, le corps le plus important en nombre. « Même si cette catégorie a gagné près de 5580 postes entre 2004 et 2008, il va en reperdre 5800 d’ici à l’horizon 2012, déplore un fonctionnaire. Nous sommes dans une logique de baisse mais aussi de moyens. Ces policiers sont pourtant les premiers au contact de la population.
Nous étions dans une dynamique de renforcement des effectifs pour une présence accrue sur le terrain. Depuis 2008, on supprime des dizaines de postes et, pour autant, on nous demande de plus en plus de tâches. On déconstruit ce qu’on a mis plusieurs années à organiser… » Du coup, en 2012, au regard des statistiques fournies par l’administration, il y aura moins de gardiens de la paix en poste qu’il n’y en avait en 2004.
5436 postes d’officiers supprimés.
Ce corps, qui regroupe lieutenants, capitaines et commandants, avait été, dès 2004, le seul à accepter de voir diminuer une partie de ses effectifs en échange d’une revalorisation salariale et de plus grandes responsabilités. « Notre corps est passé de 14400 à 10000 policiers en six ans et nous devrions en perdre encore 1000 pour atteindre un objectif fixé à 9000 d’ici à 2012, indique un commandant. Dans la réalité, cet objectif sera atteint vraisemblablement en 2013 du fait de l’allongement des carrières. »
Des 300 candidats admis à l’école des officiers en 2004, ils n’étaient plus que 90 cette année. « On nous avait promis un rapprochement, en termes de revenus, avec les commissaires, ajoute la même source, mais nous sommes finalement loin du compte. »
368 postes disparus pour le corps des commissaires, contrôleurs et inspecteurs généraux.
La diminution des effectifs n’est pas moins négligeable au regard des 1648 hauts fonctionnaires de ce corps actuellement répartis sur l’ensemble du territoire. « Près de 320 postes ont été supprimés depuis 2004 dans le cadre de la réforme des corps et carrières, atteste un commissaire. Il s’agissait pour nous de redynamiser le corps, en accédant notamment à des postes à hautes responsabilités dès la sortie d’école. »
A l’inverse, le ministère de l’Intérieur a décidé la création d’une dizaine de postes d’inspecteurs généraux chargés d’assurer la coordination des forces de sécurité au sein des zones de défense de l’Hexagone.