En France, la crise urbaine s’aggrave
14 octobre 2016 11:21, par blobloLe centre-ville près de chez moi a cessé d’exister depuis longtemps. Ceci étant dit, il est facile de s’en prendre uniquement à un système. C’était certes sympa, avant, mais il fallait attendre trois semaines quand on commandait un livre "rare" (c’est à dire pas inscrit au programme des établissements scolaires du coin) pour le recevoir, puis se déplacer, etc...
Beaucoup de commerçants et d’artisans, tout en conservant leur activité, n’exercaient plus en réalité leur métier : les libraires n’étaient plus des libraires, la qualité du pain en boulangerie a beacoup décliné dans les années 80/90, j’ai le souvenir de boulangers de petites villes vendant du pain infâme à une clientèle plus ou moins captive. Les fonds de commerce ont été repris par des gens qui n’avaient plus la vocation et ne voulaient plus assumer la partie "immatérielle" du boulot (bavarder avec une mamie en tournée). A l’inverse, les grandes surfaces ont constamment amélioré leur offre avec leur culture du service. Et ne parlons pas des restaurateurs...
Le centre-ville était devenu innaccessible du fait de la congestion automobile : pas assez de parkings, trop chers, trop éloignés... personne n’a envie de se taper 45mn de bouchon pour aller faire des courses après le boulot. Les prix, souvent du simple au double, dans les boutiques d’habillement, sachant que la plupart des commerçants vendaient les mêmes produits "mondialisés" que les grandes surfaces : là encore, pourquoi payer plus cher ?
Enfin, on n’a jamais entendu les propriétaires urbains se plaindre quand les prix de l’immobilier ont explosé dans les années 90, chassant des centre-villes les catégories populaires puis la classe moyenne. Relégués à 20 ou 30 bornes du centre, les gens font ensuite naturellement leurs courses dans des grandes surfaces. C’est sûr, les bobos, c’est sympa, ils aiment les petits commerces et défendent dans une certaine mesure la proximité, mais ils ne sont pas une catégorie assez nombreuse pour faire tourner économiquement les centre-villes. En outre, le pouvoir d’achat de ces derniers a accentué les hausses des prix.
Et on pourrait multiplier les exemples.
Je pense que beaucoup de gens se sont reposés il y a 20 ou 30 ans sur des situations acquises sans chercher à comprendre les évolutions en cours. Aujourd’hui, c’est un peu facile de s’en prendre au "système", aux "bobos" ou aux salariés qui font leurs courses au supermarché en oubliant les responsabilités de chacun.