Des commentaires à propos de cette vidéo ont enfin peu à peu émergé , pouvant laisser place au débat contradictoire , à l’ouverture d’esprit , à la tolérance , à la connaissance , aux différences de sensibilité et de goût . Ouf ! Car , avec les raccourcis du style "musique contemporaine=art dégénéré" , l’air n’était guère respirable .
L’’émission Répliques du 9 novembre 2013 sur France Culture s’est penchée sur la musique contemporaine , en revenant notamment sur cette conférence de Jérôme Ducros qui avait fait polémique , en invitant deux compositeurs français , Philippe Manoury et Karol Beffa (invité aussi à la conf de Ducros). Une émission intéressante à écouter, éclaircissant un peu ce débat sur l’atonal/tonal dans ce vaste univers de la musique contemporaine . Visionnant hier soir cette video conférence de Jérôme Ducros (merci à E&R) , j’ai du coup été réécouter une deuxième fois l’émission Répliques en allant aussi écouter sur internet certaines oeuvres des deux invités , Manoury et Beffa , posant également un oeil sur leurs parcours respectifs , et en allant écouter aussi la musique que compose Jérôme Ducros .
Beffa a un cursus universitaire impressionnant , cumulant les diplômes , dans diverses disciplines . Un surdoué ! Sa musique est un peu à l’image de son parcours , une musique fastueuse , riche , complexe , variée. On pourrait peut-être situer sa musique quelque part entre Chostakovitch , Debussy , Britten , Schnittke...
Manoury , plus âgé , a un profil peut-être un peu plus "artiste" , tout en faisant malgré tout partie de l’école "ircamienne" . Une musique beaucoup plus fracturée , expressionniste et noire . Sur certaines oeuvres , le mélange des sons provenant de machines/logiciels informatiques et d’instruments classiques fonctionne à merveille . De belles expérimentations sonores dans le traitement des voix aussi .
Jérôme Ducros compose brillamment une musique d’avantage tournée vers le XIXe siècle , un peu comme si le vingtième siècle n’avait pas existé ; c’est après tout son droit . Par contre , dans sa conférence , pouvoir faire croire à des néophytes ,par des procédés habiles, que la musique contemporaine pourrait se résumer à des gesticulations fumeuses atonales , là je trouve qu’il y a abus et manipulation . Il utilise par exemple certaines oeuvres précises de Stockhausen ou Schoenberg pour confirmer sa théorie alors que ces géants ont composé d’autres oeuvres géniales d’une profondeur mélodique et harmonieuse inouïe .