Manifeste contre le faux boycott
On appelle cela des faux-semblants, des rideaux de fumée pour masquer la médiocrité. On dit « boycott », on dit « complot », on dit « censure ». Balivernes. Les foules ne se lèvent pas contre une œuvre qui vaut le détour. La vérité est brutale : si les salles sont vides, c’est que l’œuvre est creuse. Si les fauteuils grincent dans le silence, c’est que le spectacle ne tient pas debout.
Le public, malgré sa torpeur et ses distractions, sait reconnaître l’étincelle du génie. On n’a pas besoin de faire campagne contre un navet : il s’éteint tout seul, faute d’air, faute de sang. On ne « boycotte » pas les films fades, on les oublie, on les enterre sous le poids de leur propre nullité.
Mais lorsqu’un créateur puissant dérange, lorsqu’un nom vibre au-dessus du commun, alors, oui, on s’organise pour le salir, pour le réduire, pour le crucifier. Kubrick en fut l’exemple parfait : ses films touchaient juste, trop juste. L’arme contre lui ne fut pas l’indifférence mais l’étiquette, le prétexte, l’attaque raciale. Là, le mot « boycott » prend son sens, car il s’agit d’étrangler l’excellence au nom d’un soupçon, d’un stigmate.
Tout le reste n’est que farce. Si les Français désertent une pièce de théâtre, ce n’est pas parce qu’ils sont manipulés, mais parce qu’ils ne veulent pas perdre deux heures à contempler une coquille vide. Le public ne se trompe pas autant qu’on le croit : il déserte la merde et s’acharne sur le talent. Voilà la seule loi qui tienne.