Entretien entre Alain Soral et Alexandre Douguine lors de son dernier passage à Moscou
3 août 10:19, par CCLa dynamique géopolitique mondiale n’est pas mue par les intentions des États mais par la loi impersonnelle de la valeur. Toute stratégie, toute alliance, tout conflit est subordonné à la nécessité de rééquilibrer en permanence le taux de profit mondial moyen, au sein d’un automate fétichiste dont les États ne sont que les agents fonctionnels. Depuis Rapallo, chaque bascule diplomatique majeure n’a fait que refléter les ajustements structurels imposés par la baisse tendancielle du taux de profit. La Chine n’a pas émergé comme rival mais comme atelier planétaire adossé au dollar : sa croissance est sous-traitée par le crédit US, ses bons du Trésor sont une subvention inversée au métabolisme central. La Russie n’est pas un contre-modèle mais une excroissance gérée :archaïque, sous-performante, mais indispensable comme contrepoids régulateur, instrumentalisée selon les besoins de tension ou de relance. L’hégémonie du dollar est la forme monétaire de cette centralité de l’équivalent abstrait : tout doit s’échanger contre lui, et donc se structurer selon les impératifs de sa valorisation. La politique internationale est ainsi l’apparence concrète d’un automatisme abstrait : chaque État joue un rôle qui n’a de sens que par rapport à l’autorégulation du système-monde capitaliste. Le fétiche central n’a pas de volonté, il n’a que des seuils. Lorsque le taux de valorisation faiblit, le système réorganise les flux de capitaux, les alliances, les zones d’instabilité, pour restaurer un différentiel de profit suffisant. Le dollar est sa clef de voûte, et les conflits sont ses mécanismes homéostatiques. Ce que chaque État croit défendre — sa souveraineté, sa culture, sa sécurité — n’est que le masque local d’une fonction systémique. Il n’y a pas de géopolitique, seulement des vecteurs ajustés à la nécessité impersonnelle de maintenir la circulation élargie de la valeur. Les puissances ne décident pas ; elles exécutent les contraintes d’un procès qui les dépasse et les constitue. L’histoire visible n’est que la scansion de ses métamorphoses. La crise généralisée du taux de profit en décrochage explique les convulsions du capitalisme moribond et l’accélération des changements de cap politiques induits par le cap de l’obligatoire nécessaire de fuire l’impossible rentabilisation de la valeur d’usage bouffée par la valeur d’échange.Si je me crois être une personne cela m’est insaisissable puisque la personne en est le produit social individuel aliené