Son analyse sur la politique étrangère ne tient pas, il n’évoque pas par exemple le fait que la position américaine lui permet de dominer - et le mot est faible - le marché de la vente d’armes. Il ne parle pas des dizaines de milliards engloutis par le programme F-35, financés en partie par les pays alliés des Etats-Unis. Il ne dit pas non plus que les USA tolèrent très mal les velléités des quelques pays qui essaient, vaille que vaille, de maintenir une souveraineté et une industrie militaire autonome de Washington.
Le deal actuel de la diplomatie américaine, c’est la garantie sécuritaire en échange d’une passivité politique totale. Ce que Trump voudrait, c’est simplement maintenir le système en place en contraignant les pays concernés à payer le prix de leur propre passivité politique. On passerait ainsi de la superpuissance "bénévole" de Kennedy à la superpuissance mafieuse faisant payer le prix de sa "protection".
Par ailleurs, Trump omet un point fondamental dans son analyse géopolitique : l’Amérique n’est pas le centre du monde. Les Etats-Unis sont une nation continentale insulaire décentrée par rapport au "coeur chaud" de la géopolitique mondiale qui se trouve en Eurasie. Cette position a naturellement des avantages sur le plan défensifs - sanctuarisant de fait l’Amérique du Nord - mais elle contraint en contrepartie les Américains à un effort coûteux de projection dans le monde pour y défendre et porter leurs intérêts. L’un ne peut pas aller sans l’autre.
En gros Trump ment. Il explique aux Américains qu’il va continuer à mener une politique semi-interventionniste tout en pratiquant un isolationnisme hautain vis à vis des pays alliés.