Raphaël, fils de l’employé immolé, obtient l’ouverture d’un procès contre France Télécom
9 juillet 2016 13:01, par Rémi O. LobryC’est peut-être un peu plus compliqué que ça. J’ai effectué une mission informatique chez France Télécom dans la Tour Maine Montparnasse en 1996 (MVS, TSO/ISPF, RDJ, SPITAB, DB2, COBOL). Ils devaient être dans les quatre vingt à travailler là. A cette époque on travaillait encore avec des terminaux stupides (3070). Et bien la plupart d’entre eux n’avaient même pas de terminal sur leur bureau. Ca lisait Libé, Le Canard Enchaîné, Charlie Hebdo, les Inrocks ou Télérama. Ca parlait des émissions de la veille à la télé. Techniquement c’était un troupeau de nuls. J’ai retrouvé la même chose dans toutes les grosses boîtes nationalisées où je suis intervenu entre 1980 et 2000 (ANPE, GIA IDF1, EDF, Gaz De France) . Tout était systématiquement soustraité à des SSII qui se goinfraient. J’étais pas à pleindre.
Pour donner une idée de leur niveau technique je vais ici parler en technictien s’adressant à des techniciens. Pour mettre à jour en Batch un fichier KSDS VSAM (ici il s’agissait de l’outil SPITAB) il faut le fermer en TP (ici CICS). Il existe un code transaction pour ce faire. On tape le DSNAME du fichier et on tape "C" pour closed ou "O" pour open. Ces abrutis faisaient des vidéo-conférences avec l’explotation qui se trouvait je ne sais où pour convenir d’un jour et d’une heure où ils feraient carrément tomber CICS (CSMT shutdown) privant ainsi tous les utilisateurs de moyens de travailler. Juste pour faire passer leur petit programe qui ne mettait à jour que quelques postes dans une toute petite table. Quand je leur ai montré comment faire et que le tout prenait à peine une minute sans déranger personne ils se sont mis à me détester.
Je ne voudrais surtout pas généraliser. C’est trop grave quand des gens en arrivent au suicide. Ce que je puis dire c’est que si, suite à leur privatisation, on a demandé à ces "informaticiens" maison de faire leur travail pour de bon ça a dû en secouer certains très sérieusement. Il y a des métiers où on peut pas faire semblant, je n’ai jamais vu un imposteur bluffer un compilateur.
Ce témoignage ne va pas dans le sens de la défense des salariés face au CAC 40. J’ai prévenu : c’est peut-être un peu plus compliqué que ça. Je suis en train d’écrire un bouquin, pas un roman, un témoignage dont le titre est Les grandes entreprises embauchent des gens incompétents pour cacher ce qu’elles font vraiment. Et je le démontre. Faudra peut-être que je fasse lire le tapuscrit à un cabinet d’affaires avant de le soumettre.