« 19 suicides entre 2008 et 2009 », lance Bourdin à son invité, Raphaël. Raphaël se bat depuis des années pour obtenir un procès pour « mise en danger d’autrui et homicide involontaire ». Il n’a obtenu que la qualification de « harcèlement moral ».
Les faits
Rémy était cadre chez France Télécom. Le 26 avril 2011, il s’est immolé sur le parking d’un site de l’entreprise à Mérignac, en Gironde. À cette époque, il n’a pas été le seul à commettre ce geste. Raphaël, son fils, était l’invité de Jean-Jacques Bourdin ce vendredi [8 juillet 2016]. Le parquet demande aujourd’hui un procès pour harcèlement moral. (source rmc.bfmtv.com)
Raphaël :
« Il y a des gens qui se sont assis autour d’une table et qui ont conçu deux plans, qui s’appellent Next et Act... Ils se sont dit qu’il fallait faire partir 22 000 personnes de l’entreprise, et peu importe les moyens. C’est-à-dire qu’ils savaient qu’ils allaient les pousser à bout. »
Bourdin :
« Je me souviens ce que déclarait Didier Lombard [PDG à l’époque, NDLR], c’était en octobre 2006, devant des cadres de France Télécom, voilà ce qu’il disait : “en 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte.” »
Didier Lombard avait qualifié de « mode » les suicides des employés
Le ministère public reproche à l’entreprise, devenue Orange, d’avoir mis en place dès 2007 une politique qui a eu pour effet de « déstabiliser » les employés. Sont visés l’ex-patron, Didier Lombard, et six autres dirigeants. 35 salariés s’étaient donné la mort en 2008 et 2009.
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Devenue Orange, France Télécom a été la première entreprise du CAC 40 à avoir été mise en examen pour harcèlement moral. Son procès amènerait la justice à trancher la première affaire de harcèlement à grande échelle dans une entreprise de cette taille.
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En tout, sept dirigeants doivent être renvoyés devant un tribunal correctionnel, selon le ministère public. Le juge d’instruction devrait se prononcer d’ici quelques semaines. Les dirigeants encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende, selon l’article 222-33-2 du code pénal.
De son côté, le syndicat CFE-CGC d’Orange (ex-France Télécom) réclame jeudi le renvoi en correctionnelle de France Télécom et de son ex-patron, Didier Lombard, pour « homicide involontaire », jugeant la qualification de « harcèlement moral » retenue par le parquet de Paris très « réductrice », après la vague de suicides sans précédent intervenue en 2008 et 2009.
« Il est indispensable que les magistrats instructeurs en charge du dossier tirent toutes les conséquences des éléments figurant dans la procédure et décident de renvoyer les personnes physiques et morale mises en examen devant la juridiction correctionnelle des chefs combinés d’homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et harcèlement moral », déclare le syndicat dans un communiqué.
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Face aux enquêteurs, France Télécom et certains cadres ont nié l’existence d’objectifs de réduction d’effectifs, évoquant de simples « indications », et présenté la restructuration comme une opération de sauvetage, sans lien avec la dégradation du climat social. Aux yeux du ministère public, les témoignages et documents internes passés au crible montrent au contraire que les objectifs de mobilités et de réduction des effectifs étaient devenus une fin en soi, quels que soient les moyens pour y parvenir : incitations répétées au départ, mobilités forcées, surcharge ou absence de travail, réorganisations tout azimuts...
« Les cadres étaient formés à décourager leurs équipes, leur bonus en dépendait. Chaque nouveau départ était la promesse d’une prime majorée en fin d’année », écrit Le Monde ce jeudi.