Quand Éric Naulleau révélait la violence mondaine de Pierre Bergé
24 septembre 2015 18:41, par Lord Byron
Tout cela est un peu stérile, et pour être génial, le cabotinage de Luchini n’en reste pas moins du cabotinage. J’ai beau ne pas apprécier M. Bergé, il n’a pas entièrement tort dans cette affaire. Sollers a écrit quelques excellents livres (Femmes, Portrait du Joueur, Paradis) et ses suites et fugues d’essais (La Guerre du Goût, Eloge de l’Infini etc.) valent le détour : c’est un lecteur de première force. J’ai toujours gardé quelque méfiance vis-à-vis d’un certain genre de critique qui sent le ressentiment. Naulleau n’a pas d’humour comme Muray, qui évoque ses rapports avec Sollers dans son journal "Ultima necat" et y fait le portrait d’un homme complexe, parfois retors mais talentueux . Le jugement de Muray m’intéresse donc davantage. Et cela ne m’empêche pas d’être lucide sur Sollers et son système germanopratin... Je conseille la lecture d’Histoire de Tel Quel par Philippe Forest, très bien faite. Quant à Sollers, il y a dans Femmes des morceaux enchanteurs, magnifiques : la description des Demoiselles d’Avignon ; McEnroe et Borg à Flushing Meadows et le passage sur une interprétation des Variations Goldberg de toute beauté. Mettre Sollers sur le même plan qu’Angot, Nothomb ou Lévy enlève toute crédibilité à l’essai de Naulleau et offre sur un plateau sa contre-attaque à Bergé. Quant à savoir qui sont les grands écrivains de notre temps (ma défense de Sollers se borne à réfuter un rabaissement excessif contre-productif à mes yeux pour ceux qui l’attaquent), nous n’en saurons rien, parce que c’est la postérité qui le décidera. Donc nous serons tous morts quand cette dernière fera le bilan.