Les sous-marins russes passent en mode furtif
28 janvier 2014 12:46, par MG 42Dispositif Alberich
Le personnage mythologique Alberich avait fabriqué une cape d’invisibilité (un manteau rendant invisible son porteur). Pour cette raison, Alberich a servi de nom à un dispositif destiné à rendre invisibles à l’Asdic les sous-marins allemands via des tuiles anéchoïques, utilisées à partir de 1944.
La technologie des tuiles anéchoïques a été développée par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, sous le nom de code Alberich d’après un sorcier invisible de la mythologie allemande. Ces tuiles étaient un revêtement de caoutchouc 4 mm d’épaisseur posées sur les sous-marins. Elles atténuaient les sons dans la plage de fréquences de 10 à 18 kHz à 15 % de leur puissance initiale. Cette plage de fréquences correspondait à celles des premiers sonars ASDIC utilisés par les Alliés. Grâce à ce revêtement, la portée opérationnelle des ASDIC était réduite de 2 000 mètres à 300 mètres.
Le caoutchouc contenait une série de petits trous, qui aidaient à dissiper les sons. Le problème était que le matériau avait des performances variables en fonction de la profondeur, car les trous étaient comprimés différemment selon la profondeur d’immersion. Un autre problème était la pose du revêtement sur le sous-marin, qui nécessitait une colle spéciale ainsi qu’une application soignée. Les premiers essais ont été menés en 1940, mais le revêtement ne sera finalement opérationnel qu’en 1944 sur l’U-480.
Après la guerre, elles ne seront pas utilisées avant les années 1970, lorsque la marine soviétique commença à revêtir ses sous-marins de caoutchouc. Au fil du temps, la technologie progressant, les tuiles permirent de réduire de façon radicale la signature acoustique des sous-marins. Les tuiles des sous-marins russes de la classe Akula ont une épaisseur d’environ 100 mm et permettent de réduire leur signature acoustique de 10 à 20 dB (10 % à 1 % de la puissance initiale).
Les matériaux modernes sont constitués de multiples couches et de multiples trous de tailles différentes, chacun conçu pour une plage de fréquences spécifique à une profondeur différente. Des matières différentes sont parfois utilisées afin d’absorber des fréquences de sons de machines spécifiques suivant leur localisation sur le sous-marin.
L’US Navy a commencé à appliquer des revêtements anéchoïques sur ses sous-marins à partir de 1988, et les autres marines ont suivi rapidement.