Les sous-marins russes vont être dotés d’un revêtement qui améliorera significativement leur furtivité face aux sonars de l’ennemi, écrit mardi le quotidien Izvestia.
Ces informations, contenues dans des documents publics concernant le développement de la marine, ont été confirmées par le centre de recherche Krylov de Saint-Pétersbourg. Ce centre est chargé du développement des sonars pour sous-marins et, plus précisément, des savoirs-faires qui permettraient de rendre les appareils russes "invisibles".
Le nouveau matériel contiendra des capteurs actifs et des plaques piézo-polymères pour neutraliser les signaux des sonars. En maintenant le niveau de bruit émis par les sous-marins de quatrième génération (Iassen, Boreï), la furtivité des engins russes sera triplée.
"Les moyens modernes de détection de l’ennemi ont atteint une précision qui passe en-dessous d’1kHz. La distance de détection augmente et des problèmes surviennent", explique un représentant du centre Krylov.
Le revêtement en cours de développement n’absorbera pas seulement le signal des sonars mais neutralisera également le rayonnement reçu. Ce revêtement actif, contenant de l’électronique, identifiera la fréquence du sonar ennemi et lancera son propre signal sur la même fréquence mais en phase opposée.
Il devra donc être muni de capteurs, de circuits de fibre optique pour contrôler le système et d’émetteurs actifs. Le matériel se composera de plaques piézo-composites et c’est pourquoi il est impossible d’utiliser un revêtement en caoutchouc pour les coques des sous-marins modernes, indiquent les documents de la marine. Son développement sera universel pour tous les sous-marins et devra être compatible avec les systèmes informatiques futurs de la flotte sous-marine.
La technologie de création d’un revêtement hydroacoustique actif à base de ce matériel en toile utilisant des composites devrait être développée d’ici trois ans – les premiers exemplaires seront disponibles fin 2016. Le ministère de l’Industrie et du Commerce est prêt à dépenser jusqu’à 5 millions d’euros pour la conception de ce système anti-sonar actif.
Le centre Krylov a expliqué que ce travail mènera à un savoir-faire de niveau international, comme le confirme la note explicative du cahier des charges de la recherche.
"Cette technologie n’est maîtrisée ni en Russie ni ailleurs dans le monde. Tout le monde utilise aujourd’hui des revêtements passifs. L’avenir est dans les revêtements actifs", a souligné le représentant du centre.
Andreï Nikolaev, expert de la flotte sous-marine russe et membre du conseil du club des sous-mariniers de Saint-Pétersbourg, note que cette technologie pourrait effectivement améliorer la furtivité des sous-marins.
Par ailleurs, selon lui, en dépit du potentiel significatif de cette technologie, son succès n’est pas encore certain. Il faudra encore confirmer, par la pratique, les avantages qu’elle promet.