Une nouvelle étude du Département de Santé Publique du Massachusetts et de l’Ecole de Médecine de l’université du Massachusetts, publiée dans Nicotine and Tobacco Research, indique que le niveau de nicotine contenu dans certaines cigarettes a significativement augmenté depuis 1999, ce qui les rend potentiellement plus addictives.
Les chercheurs ont examiné les niveaux de nicotine contenus dans les cigarettes de 4 cigarettiers américains : Philip Morris, RJ Reynolds, Brown & Williamson, et Lorillard. Ils ont constaté que la quantité de nicotine contenue dans les cigarettes de certaines marques des trois premiers producteurs avait augmenté de 1,65 mg à 1,89 mg par cigarette entre 1999 et 2011, soit une hausse de plus de 15%.
Selon Thomas Land, qui a dirigé cette étude, cette augmentation pourrait résulter d’une conception différente des cigarettes. En clair, les cigarettiers pourraient avoir volontairement modifié le design de certaines cigarettes pour augmenter la dose de nicotine ingérée par le fumeur, en modifiant le filtre, ou en allongeant légèrement la cigarette, par exemple. Le but serait de commercialiser des produits encore plus addictifs. « Cela pourrait faciliter l’entrée dans l’addiction des jeunes fumeurs dès leurs toutes premières cigarettes », commente Land.
Les cigarettiers chercheraient à influencer le comportement des plus jeunes fumeurs pour contrecarrer la baisse du nombre de fumeurs qui menace leur existence. Le pourcentage de fumeurs américains est passé de 43% en 1965 à 18% de nos jours, et l’alternative offerte par les « vaporettes » va sans doute accentuer cette tendance. Cependant, chaque jour, 3 800 adolescents américains découvrent la cigarette, et 1 000 d’entre eux deviennent des fumeurs réguliers.
Par le passé, les cigarettiers avaient justifié les augmentations de nicotine par les variations des conditions agricoles d’une année sur l’autre, expliquant que selon les années, la concentration de nicotine pouvait être plus ou moins forte dans les feuilles de tabac, en fonction du niveau de pluviométrie, par exemple.
Mais cette explication ne tient pas, affirme Land, qui observe que « Nous aurions vu la même tendance de hausse du niveau de la nicotine pour tous les cigarettiers du fait qu’ils ont tendance à acheter du tabac qui provient des mêmes régions. Or, ce n’a pas été le cas ». En outre, une étude de l’Ecole de Santé Publique d’Harvard datant de 2007 avait déjà conclu que les cigarettiers avaient augmenté le niveau de nicotine contenu dans leurs produits de près de 11% entre 1997 et 2005. A l’époque, les dirigeants de l’industrie avaient contesté ces résultats, mais depuis, les niveaux de nicotine sont demeurés relativement stables.
Le porte-parole de Philip Morris a réagi à cette nouvelle étude en déclarant que sa société « fournissait une grande quantité de l’information concernant la conception des cigarettes et leur fabrication » aux autorités américaines. Les autres cigarettiers mis en cause par l’étude n’ont pas souhaité la commenter.