Bedos, faux rebelle, en service commandé
18 janvier 2014 21:59, par Le fou alliéQuelques éléments explicatifs :
Alors qu’il était encore un tout jeune garçon, l’apprentissage de la propreté fut particulièrement difficile pour le petit Guy : en effet, celui-ci hurlait et se débattait vivement au moment de se rendre aux toilettes.
Face à ce constat, ses parents décidèrent de l’habituer au pot, lui adressant moult compliments, et faisant mine de s’extasier à la vue de ses excréments : "Oh, le joli caca !, mais quel joli caca que voilà…"
Hélas, le petit Guy cru dur comme fer que ces compliments étaient sincères, et que son caca figurait parmi les plus belles créations de la nature.
Le même phénomène se reproduisit lorsque le petit Guy commença à parler : ses parents firent mine de beaucoup s’intéresser à ce qu’il disait, et riaient bruyamment pour lui faire croire qu’il lui arrivait de faire des mots d’esprit d’une grande drôlerie. Là encore, le petit Guy cru qu’il était doté d’une finesse d’esprit sans pareil, capable de faire se tordre de rire tous les auditoires. Il grandit, écrivit des sketches, mais il n’était pas rare que les spectateurs ne rient pas du tout à ses blagues. Pour le réconforter, ses parents eurent alors une brillante idée : ils le convainquirent que les personnes qui ne riaient pas à ses histoires étaient antisémites ! Cette explication consola beaucoup Guy, qui devint - c’est un fait peu connu du grand public - un grand connaisseur du chant des grillons, dont il avait souvent l’occasion d’apprécier la mélodie lorsqu’il terminait ses phrases.
En papa attentionné, il mit bien sûr un point d’honneur à transmettre tous ses savoirs à son fils, si bien qu’aujourd’hui, le petit Nicolas croit à son tour dur comme fer que son caca compte parmi les sept merveilles du monde, et que ses sketches sont irrésistibles. Comme son papa, cela fait maintenant si longtemps que Nicolas est enfermé dans ces croyances que, pour pas lui faire de peine, son entourage préfère ne rien lui dire.
Au risque de les peiner, il faudra bien un jour se résoudre à apprendre à Nicolas et à son papa la triste vérité : non, leur caca n’est pas beau et il ne sent pas bon du tout, leurs sketches sont pitoyables et ne valent pas mieux que leur caca. Si les gens ne font que sourire à leur blagues, c’est sûrement parce qu’ils sont gênés de constater que tous deux ont la ferme conviction d’être drôles, alors qu’ils ne le sont pas et qu’ils sont bien loin d’avoir autant de talent qu’ils se l’imaginent.