Oui, les commentaires de Yannick, IRS et Atropos vont dans le bon sens.
Cet article révèle une compréhension totalement à l’envers du film.
Le message du film est pourtant assez clair : il s’agit de la mort de la mère patrie, l’Angleterre (M incarne on ne peut mieux, que ce soit par son propre nom, M comme mother, ou la manière dont c’est très largement souligné symboliquement dans le film). Et c’est bien d’ailleurs le méchant qui considère effectivement M comme sa mère.
Tout dans ce film montre bien la disparition de la nation, et la nécessité, pour qu’il y ait un renouveau ("résurrection" comme le dit James Bond après avoir expérimenter la mort), de tirer un trait sur tout ce qui nous rattache au passé : la maison familiale (James Bond la faisant lui-même sauter en déclarant que de toutes façons il ne l’a jamais aimée), les valeurs affectives accordées aux objets et nous reliant au passé (la destruction de la voiture, du fusil paternel), K remplacé par un jeune geek surdoué, Moneypenny remplacée par une métisse (on peut y voir la nécessité du métissage de la monnaie, l’Angleterre devant enfin abandonner sa livre, pour une monnaie métisse, donc mondialisée), la destruction du lieu de travail, etc etc... James Bond tire un trait sur ce qu’il était, sur ce qu’il représentait. C’est la mise à mort de son identité. Il est marrant que ce soit cet acteur au physique typiquement américain (et qui n’a plus d’aucune façon le flegme britannique) qui interprète ce nouveau James Bond... Le film n’a d’ailleurs plus rien d’anglais (perdant la touche d’humour caractéristique des James Bond), mais est bien, totalement, un film américain.
Le message me semble très clair : l’Angleterre doit disparaître en tant que nation. Sa mort est de toute façon inévitable. Elle restera dans nos coeurs, mais il faut se faire à l’idée que c’est terminé.
On pourra sourire quant à la touche d’extralucidité du réalisateur (très certainement inconsciente, mais révélatrice), qui confie les clés de la nouvelle "région" britannique (car de nation il n’est plus question), à un bras cassé...