Un dessinateur français, poursuivi actuellement pour avoir publié en 2011 un dessin considéré par les autorités comme antisémite, évoque pour Sputnik la dégradation de la liberté d’expression en France.
L’attaque contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a ravivé le débat sur les éventuelles limitations à la liberté d’expression dans le monde. Cependant, la situation dans ce domaine semble assez controversée en France elle-même.
Zéon, 31 ans, né à Paris, se présente comme le chef d’un groupe de dessinateurs et caricaturistes boycottés par les médias officiels.
« Il y a une dizaine de jours, la police est venue me chercher chez moi à 7 heures du matin le mardi 3 mars 2015 pour me présenter à la juge, qui m’a mis en examen pour un dessin contre lequel le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a déposé plainte en 2011. L’enquête est en cours actuellement », a fait savoir Zéon à l’agence.
Le dessinateur se déclare « surpris et choqué » par cette « méthode d’intimidation ». « À travers mes dessins, je n’ai jamais appelé à la violence ou à la haine envers qui que ce soit, au contraire je suis pour la tolérance et la paix », affirme-t-il.
Soucieux d’attirer l’attention sur sa situation, Zéon a contacté Plantu, célèbre dessinateur de presse français et cofondateur de « Cartooning for peace », ainsi que le SG de l’organisation, Laurence Lepetit, sans jamais obtenir de réponse.
« Depuis l’affaire Charlie, on a entendu partout que les dessinateurs avaient le droit de critiquer tous les pouvoirs, de blasphémer au nom de la liberté d’expression. En théorie… mais dans la pratique, le combat pour la liberté d’expression ne fait que régresser », se plaint Zéon.
Selon lui, cela témoigne du fait que le régime français est « en train de virer vers une dictature ». « Surtout quand ce gouvernement passe son temps à attaquer et bombarder d’autres pays comme la Libye ou la Syrie au nom de la démocratie », indique le dessinateur.