Le premier ministre russe Vladimir Poutine a dessiné les contours d’un projet d’intégration des ex-républiques soviétiques, appelant dans un article en première page du quotidien "Izvestiya", à la création d’une « Union eurasienne » qui inclurait la Russie, le Belarus et le Kazakhstan. Cette démarche constitue la première initiative politique de Vladimir Poutine depuis qu’il a annoncé son intention de redevenir président après le scrutin de mars 2012.
Proposant de s’appuyer sur l’Union douanière déjà existante entre ces trois Etats et qui prévoit la libre circulation de la main-d’œuvre et des capitaux en 2012, et s’inspirant de l’expérience de l’Union européenne et d’autres ensembles régionaux, M Poutine a souligné que le moment était venu de se fixer des « objectifs plus ambitieux » et d’ « atteindre un niveau d’intégration plus élevé au sein de l’Union eurasienne ».
Selon certains analystes, cette proposition pourrait entre autres relever d’un effort des autorités visant à améliorer leur popularité en misant sur une nostalgie de la société russe liée au passé impérialiste de l’Union soviétique. M Poutine, qui avait qualifié la chute de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle », a pourtant affirmé que ce projet ne visait pas à une « reconstruction de l’URSS d’une manière ou d’une autre ». « Il serait naïf d’essayer de rétablir ou copier quelque chose qui appartient au passé, mais une intégration étroite fondée sur de nouvelles valeurs et un fondement économique et politique est une exigence du temps présent. »
Lancé en janvier 2012, l’ « Espace économique commun » mis en place par la Russie, le Belarus et le Kazakhstan rassemblera 165 millions de consommateurs et pourrait agir comme un contrepoids géoéconomique à l’Union européenne, en constituant, selon Vladimir Poutine, « un modèle d’union supranationale puissante, capable de devenir l’un des pôles du monde contemporain tout en servant de lien efficace entre l’Europe et la région dynamique d’Asie-Pacifique. »
Loin de contenir un programme, l’article relève plus de la posture symbolique, à moins de deux mois des élections législatives russes, soignant l’image d’un Premier ministre actif sur la scène internationale. D’une popularité record de 85% en 2008, Vladimir Poutine est aujourd’hui passé à 70% et son parti Russie unie à 40%. Bien qu’appuyant cette carte de la sphère d’influence pour engager l’électorat à ses côtés, la politique étrangère de la Russie de Vladimir Poutine risque moins de changer sur le fond, que sur le ton, au gré d’une alternance de forme, faisant suite à un Dmitri Medvedev considéré comme plus pro-occidental.