En 1707, l’Acte d’Union scella l’association des royaumes d’Écosse et d’Angleterre. Après s’être combattus pendant des siècles, les armées écossaises et anglaises fusionnèrent, les régiments tels que les Scots Guards, The Royal Scots, King’s Own Scottish Borderers, Scots Greys et les Royal Scots Fusiliers rejoignant ainsi la British Army, et les trois navires que comptait à l’époque la marine écossaise étant transférés à la Royal Navy.
Depuis cette date, les soldats et les marins écossais prirent leur part dans l’expansion de l’Empire britannique, ainsi que dans les différents conflits ayant impliqué le Royaume-Uni. Cependant, il n’est pas impossible que cette longue histoire commune prenne fin le 18 septembre prochain, avec le référendum portant sur l’indépendance de l’Écosse.
Selon les sondages d’opinion, cette dernière est loin d’être acquise, dans la mesure où 38% des électeurs écossais y seraient favorables, soit 9% de moins que ceux qui sont hostile à cette idée. La différence pourrait se faire avec les indécis, qui sont encore 15%.
En novembre, le Premier ministre nationaliste écossais, Alex Salmond, a présenté un livre blanc dressant le portrait d’une Écosse indépendante. Outre les conséquences économiques pour le Royaume-Uni (avec notamment les royalties tirées de l’exploitation du pétrole en mer du Nord), le projet aborde les questions militaires qui ne manqueraient pas de se poser en cas de victoire du "oui".
En premier lieu, la Royal Navy serait priée de retirer ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et ses missiles nucléaires Trident de la base de Faslane. Toutefois, le livre blanc précise que Glascow serait prêt "à négocier des dispositions pour l’utilisation continue des infrastructures de défense de l’Écosse par les forces britanniques et vice-versa, au moins dans une période transitoire. De telles dispositions pourraient être prolongées à plus long terme, si les deux pays les considèrent comme les moyens les plus efficaces d’assurer des capacités de défense".
Mais qui dit indépendance de l’Écosse dit forces armées autonomes. Cinq priorités ont ainsi été énoncées : maintenir une enveloppe de 2,5 milliards de livres sterling pour financer les dépenses de défense et de sécurité, garantir le retrait des armes nucléaires, mettre l’accent sur les capacités maritimes, "comme une patrouille aérienne et maritime, et des forces spéciales capables d’opérer autour de nos côtes, protégeant les biens maritimes de l’Écosse et contribuant à une sécurité collective dans l’Atlantique Nord", développer progressivement une force régulière de 15 000 militaires et de 5 000 réservistes et, enfin, reconfigurer le patrimoine de défense hérité au moment de l’indépendance pour répondre aux besoins écossais.
En outre, en cas d’indépendance, "le gouvernement écossais informera l’Otan de son intention d’adhérer à l’alliance et il négociera une transition du statut de membre de l’Otan au sein du Royaume-Uni à celui de membre indépendant de l’alliance". Et le le document d’ajouter : "L’Écosse prendra sa place comme l’un des nombreux membres non nucléaires de l’Otan".
Il serait question de créer une nouvelle agence de sécurité et de renseignement, avec pour mission d’élaborer des rapports, d’évaluer les risques et les menaces et de protéger les infrastructures critiques. "Étant donné l’intérêt commun de notre sécurité mutuelle pour l’Écosse et le reste du Royaume-Uni, le gouvernement écossais travaillera étroitement avec les agences britanniques de sécurité et de renseignement actuelles pour assurer une transition sûre”, précise le livre blanc.
Cependant, ce document est loin de répondre à toutes les questions que l’on peut se poser sur cette renaissance possible de l’armée écossaise. En particulier celles portant sur ses équipements. Par exemple, rien n’est dit sur les capacités navales et aériennes. Pour assurer le contrôle de sa zone économique exclusive, l’Écosse n’aurait besoin que de patrouilleurs hauturiers. Et il faudra du temps à Edimbourg pour se les procurer.
"Nous pouvons économiser une proportion importante de la contribution actuelle de l’Écosse à la défense au Royaume-Uni, tout en ayant les niveaux de dépense pour la défense qui nous permettent de disposer des capacités dont nous avons besoin et de faire un investissement d’équipement important, en soutenant les industries écossaises clés, y compris l’industrie des chantiers navals", indique le livre blanc.
Mais quid de la surveillance de l’espace aérien écossais ? La question se pose, avec l’activité des bombardiers stratégiques russes en mer du Nord. Peut-on imaginer que la Royal Air Force puisse céder à l’Écosse, qui accueille 3 de ses bases, un squadron d’Eurofighter Typhoon ? Difficile à concevoir…