Voici ce que l’on apprend sous la plume d’Emmanuel Ratier à la lecture de Faits & Documents n°362 (du 15 au 30 septembre 2013) :
Agent d’influence. Ceux qui se sont donné la peine de lire le document (super-hyper-top-secret) « déclassifié » des services secrets français (DGSE) et de la Direction du renseignement militaire (DRM), censé justifier une intervention militaire française en Syrie, ont dû être frappés par la médiocrité de son contenu : aucun fait précis, ramassis de racontars, suppositions, affirmations péremptoires, conclusions tirées par les cheveux, etc. Un seul exemple :
« Le régime a ensuite conduit des frappes terrestres et aériennes importantes sur les zones des attaques. Il s’est attaché à retarder l’arrivée des inspecteurs pendant plusieurs jours. Ces éléments confirment une claire volonté de destructions des preuves a posteriori. De plus, des militaires ont déclenché des incendies, qui visaient probablement à purifier l’atmosphère grâce au mouvement d’air généré. »
Un délire quand on connaît comment fonctionne le gaz sarin et la manière dont il se fixe.
Même le site de gauche Rue 89 indique :
« La lecture du document apporte des hypothèses plausibles, mais de preuves, point, et un vrai mélange des genres. »
Un document qui rappelle surtout les élucubrations américaines sur les fantasmatiques défenses souterraines de Saddam Hussein en Irak ou les armes de destruction massives jamais découvertes… En clair, les spécialistes des questions de défense ont eu rapidement la certitude que ce salmigondis n’émanait pas de la DGSE ou de la DRM mais avait été rédigé pour la presse aux ordres. Il suffit d’aller (tellement les services de Matignon sont nuls en matière informatique) dans les propriétés du document pour constater qu’il émane d’un certain « smandel », derrière lequel il est aisé d’identifier Sacha Mandel (photo ci-dessus).
Ce Sacha Mandel est sans nul doute le conseiller presse de Jean-Yves Le Drian… et un ancien d’Euro RSCG, disciple de Stéphane Fouks, le « spin doctor » français, spécialiste des manipulations politiques, qui a toujours fait équipe (depuis l’université) avec l’ancien grand maître du Grand Orient de France Alain Bauer et l’actuel ministre de l’Intérieur, Manuel Valls.
Né le 19 mars 1983, Sacha Mandel détient une licence d’histoire, une maîtrise de sciences politiques et un master professionnel de sciences politiques (Paris I, 2006). Il a débuté comme rédacteur au sein de la rédaction française de Radio Chine International & CCTV (2004-2005), la radio chinoise officielle (ex-Radio Pékin) et la télévision officielle chinoise, dont tous les directeurs appartiennent au bureau politique du parti communiste chinois. Un épisode qui ne figure généralement pas dans son CV. Entré à l’agence de communication Euro-RSCG, qui a longtemps géré toute la communication de Dominique Strauss-Kahn et de nombreux dirigeants socialistes (cf. portrait détaillé de Stéphane Fouks, expert dans l’art de « diffuser des éléments de langage » en général faux, dans Faits & Documents n° 357), il a été directeur conseil au sein du pôle « influence » de l’agence. En 2012, il « accompagne (NDA : par qui était-il payé ?) Jean-Yves Le Drian au cours de la campagne socialiste pour la présidence » (Actu Défense, 30 mai 2013). Tout naturellement, il devient son « conseiller pour la communication et les relations avec la presse ».
En réalité, son pouvoir est nettement plus étendu que l’intitulé de ses fonctions :
« Dans les faits, la réalité est très différente et la communication de la Défense est assurée par le seul et unique conseiller en communication du ministre, Sacha Mandel. Lequel est le point d’accès unique aux collaborateurs civils ou militaires du ministre, auxquels l’accès direct a été coupé. À Philippe Germain comme à tous les personnels de la DICoD [1]. Ce qui est particulièrement malvenu, à l’égard de fonctionnaires ayant en charge les relations institutionnelles de la Défense avec, entre autres, la presse française et étrangère. »
(Le Point, 7 janvier 2013)
Actu Défense précise même :
« Sacha Mandel […] a participé au pilotage des dossiers clefs. Départ d’Afghanistan, entrée en guerre au Mali, puis lancement du Livre blanc : il a fallu convaincre à la fois l’opinion publique et les militaires eux-mêmes. »
C’est donc cet « espion contrarié » et professionnel de la communication qui s’est chargé de rédiger la fameuse note ultra-secrète… La prochaine fois, pour être vraiment au cinéma, il serait plus simple de confier l’écriture du scénario de guerre à Josée Dayan.