Ces remarques sonnent justes dans l’absolu... beaucoup moins dans la réalité.
Les gens (moi le premier) ont été habitués depuis une trentaine d’années à avaler des médicaments pour tout et n’importe quoi, sans poser de questions, souvent d’ailleurs avec la complaisance du médecin et du pharmacien.
Or, à présent que des économistes effarés nous expliquent que la sécu est un système chroniquement déficitaire, nous découvrons - comme par hasard - que plus de la moitié des médicaments prescrits sont inutiles ou carrément nuisibles. Nous découvrons aussi que des données sensibles concernant les conséquences potentiellement mortelles de la prise de certains médicaments ont été délibérément oblitérées par les labos, parfois avec la complicité des pouvoirs publics.
Il me paraît donc un peu rapide d’en appeler candidement à la responsabilité personnelle des gens sur ce sujet... Outre le fait évident que tout le monde n’est pas sensé comprendre ni pouvoir évaluer le rapport bénéfice/risque d’une molécule (enfants, handicapés mentaux, personnes âgées ou hospitalisées...), et c’est la raison pour laquelle nous acceptons de déléguer une partie de cette responsabilité au médecin, je n’ai que très rarement vu un médecin parler spontanément des effets secondaires d’un médicament, et quand il le fait, c’est de façon lapidaire ("ne vous inquiétez pas").
Par exemple j’ai appris avec stupeur qu’un médicament qui m’était prescrit depuis des années pour un problème auditif était susceptible de provoquer des troubles neurologiques graves, et, qu’en tout état de cause, ce médicament ne devait pas être prescrit en cas de problèmes sensoriels (avant interdiction probable, son efficacité étant par ailleurs jugée pratiquement nulle). Comment fait-on pour obtenir cette info de la part du médecin ou du spécialiste qui vous a prescrit le médicament ?
Et croyez-vous sérieusement que les psychiatres et les généralistes informent les personnes dépressives des nombreux effets secondaires potentiellement induits par les antidépresseurs et les neuroleptiques ? C’est pire, ils mentent parfois délibérément pour ne pas effrayer les patients (prise de poids, libido, syndromes de sevrage, etc.)
Bref, le but de la responsabilité individuelle n’est pas de se substituer à celle de l’Etat ou du médecin quand celle-ci est incontestable (via les instances de contrôle).
Ou alors on doit dire aux gens : informez-vous sur internet, questionnez le médecin, contactez les labos, etc.