M ême s’il est trop tôt pour rendre un verdict définitif, vue de Londres, la nouvelle stratégie américaine en Irak paraît vouée à l’échec en raison de l’incapacité des différentes communautés à s’entendre sur un certain nombre de problèmes-clés, à l’instar de la répartition de la rente pétrolière. Telles sont les conclusions consacrées à la situation irakienne contenues dans un rapport, publié lundi 13 août, par la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes, au moment où les signes d’infléchissement de la politique du premier ministre, Gordon Brown, sur l’Irak, se multiplient.
La commission réclame au gouvernement Brown qu’il précise les objectifs de sa politique irakienne. En particulier, les députés lui demandent d’étayer par des preuves ses affirmations selon lesquelles l’Iran utiliserait des éléments infiltrés dans le sud du pays pour en chasser les Britanniques.
Une nouvelle phase du retrait
Interrogé sur le document, le Foreign Office s’est borné à prendre acte en insistant qu’il était trop tôt pour juger de l’impact de la nouvelle stratégie dévoilée en janvier par le président George Bush : "La réconciliation est un facteur déterminant de l’avenir de l’Irak." Le rapport apporte de l’eau au moulin des partisans d’un retour au pays des quelque 5 500 soldats britanniques présents dans l’ex-Mésopotamie. Le nouveau premier ministre, Gordon Brown, doit annoncer en octobre une nouvelle phase du retrait échelonné du contingent sans toutefois évoquer un départ total.
Mais pour ménager une administration américaine obligée à contrecoeur d’accepter cette décision, ce nouveau désengagement sera divulgué au Parlement après la publication, attendue pour la mi-septembre à Washington, du rapport au Congrès du général David Petraeus, le chef du corps expéditionnaire américain en Irak. La Maison Blanche redoute notamment l’effet de la réduction de la présence britannique sur la protection de la route reliant Bagdad au Koweït, principale voie d’approvisionnement de l’armée américaine.
Sur le plan militaire, les pressions de l’état-major britannique en faveur d’un rapatriement s’accentuent au fur et à mesure que le bilan des pertes s’alourdit. Cent soixante-huit soldats britanniques ont trouvé la mort en Irak depuis l’invasion du pays en 2003, dont 41 lors des huit derniers mois. Surtout, comme l’a réitéré, lundi, le ministre de la défense, Des Browne, la priorité militaire "à long terme" est désormais l’Afghanistan où les talibans mènent une guerre très rude aux 7 100 soldats britanniques déployés dans la province d’Helmand (sud).
Politiquement, le moment est également propice à une telle annonce. Le retour au pays des "boys" ne peut que renforcer la popularité du successeur de Tony Blair au moment où la rumeur d’élections anticipées à l’automne, se fait persistante. Le dernier sondage, publié en fin de semaine dernière, donne aux travaillistes dix points d’avance sur l’opposition conservatrice.
Marc Roche
LONDRES CORRESPONDANT - Le Monde - Article paru dans l’édition du 15.08.07
Source : http://www.lemonde.fr
La commission réclame au gouvernement Brown qu’il précise les objectifs de sa politique irakienne. En particulier, les députés lui demandent d’étayer par des preuves ses affirmations selon lesquelles l’Iran utiliserait des éléments infiltrés dans le sud du pays pour en chasser les Britanniques.
Une nouvelle phase du retrait
Interrogé sur le document, le Foreign Office s’est borné à prendre acte en insistant qu’il était trop tôt pour juger de l’impact de la nouvelle stratégie dévoilée en janvier par le président George Bush : "La réconciliation est un facteur déterminant de l’avenir de l’Irak." Le rapport apporte de l’eau au moulin des partisans d’un retour au pays des quelque 5 500 soldats britanniques présents dans l’ex-Mésopotamie. Le nouveau premier ministre, Gordon Brown, doit annoncer en octobre une nouvelle phase du retrait échelonné du contingent sans toutefois évoquer un départ total.
Mais pour ménager une administration américaine obligée à contrecoeur d’accepter cette décision, ce nouveau désengagement sera divulgué au Parlement après la publication, attendue pour la mi-septembre à Washington, du rapport au Congrès du général David Petraeus, le chef du corps expéditionnaire américain en Irak. La Maison Blanche redoute notamment l’effet de la réduction de la présence britannique sur la protection de la route reliant Bagdad au Koweït, principale voie d’approvisionnement de l’armée américaine.
Sur le plan militaire, les pressions de l’état-major britannique en faveur d’un rapatriement s’accentuent au fur et à mesure que le bilan des pertes s’alourdit. Cent soixante-huit soldats britanniques ont trouvé la mort en Irak depuis l’invasion du pays en 2003, dont 41 lors des huit derniers mois. Surtout, comme l’a réitéré, lundi, le ministre de la défense, Des Browne, la priorité militaire "à long terme" est désormais l’Afghanistan où les talibans mènent une guerre très rude aux 7 100 soldats britanniques déployés dans la province d’Helmand (sud).
Politiquement, le moment est également propice à une telle annonce. Le retour au pays des "boys" ne peut que renforcer la popularité du successeur de Tony Blair au moment où la rumeur d’élections anticipées à l’automne, se fait persistante. Le dernier sondage, publié en fin de semaine dernière, donne aux travaillistes dix points d’avance sur l’opposition conservatrice.
Marc Roche
LONDRES CORRESPONDANT - Le Monde - Article paru dans l’édition du 15.08.07
Source : http://www.lemonde.fr