Le Liban avait fini 2013 sur un attentat, il est entré dans la nouvelle année sur un attentat.
Une explosion a eu lieu dans la banlieue-sud de Beyrouth. L’explosion aurait eu lieu à Haret Hreik, non loin des anciens locaux de la télévision al-Manar et à une centaine de mètres du siège du conseil politique du Hezbollah, a précisé la chaîne du parti chiite. Cette dernière a évoqué une voiture piégée, une information confirmée par l’Agence nationale libanaise (ANI, officielle).
Des ambulances se sont ruées sur les lieux de l’explosion, qui a été suivie de tirs nourris. Un premier bilan, avancé par l’ANI, fait état de quatre morts et neuf blessés. Le ministère de la Santé a, lui, avancé un bilan de 5 tués et plus de 20 blessés.
« Une très forte explosion s’est produite dans le quartier de Haret Hreik, un secteur densément peuplé », a affirmé la télévision al-Manar. Selon la LBC, l’explosion a fortement endommagé des immeubles, dont certains menaceraient de s’effondrer. De nombreuses carcasses de voitures calcinées étaient visibles, le ministre sortant de la Santé, Ali Hassan Khalil, a lancé un appel aux dons de sang.
Le Comité de gestion des catastrophes a été convoqué pour une réunion urgente au Grand Sérail, sous la présidence du Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati.
Cette explosion intervient quelques jours seulement après l’attentat perpétré dans le centre-ville de Beyrouth, qui a coûté la vie à huit personnes, dont l’ancien ministre et proche de Saad Hariri, Mohammad Chatah, visé par l’explosion d’une voiture piégée.
Mardi, le président du Parlement, Nabih Berry, avait dit craindre, dans une interview au quotidien As-Safir, que « la prochaine cible sur la liste du terrorisme soit chiite, pour donner l’impression que les sunnites ont vengé l’ancien ministre sunnite, et ainsi de suite jusqu’à arriver à une discorde confessionnelle qui brûlerait tout sur son passage ».
Cet attentat intervient également au lendemain de l’annonce de l’arrestation présumée de Maged al-Maged, chef saoudien d’un groupe islamiste, les Brigades Abdallah Azzam, lié à Al-Qaïda. Ces Brigades avaient revendiqué le double attentat-suicide perpétré en novembre contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth et prévenu que les attentats se poursuivraient au Liban tant que le Hezbollah continuerait de combattre les rebelles en Syrie.
Beyrouth a été frappé par plusieurs attentats depuis l’été qui visaient pour la plupart des bastions du Hezbollah, dont les hommes combattent depuis des mois aux côtés de l’armée du président Assad. Mercredi 1er janvier, le corps d’un commandant du Hezbollah tué en Syrie par les rebelles et introuvable depuis plusieurs mois, a été retrouvé mutilé et rapatrié au Liban.
Le 19 novembre un double attentat suicide a ainsi visé l’ambassade d’Iran, un allié de Damas, dans un fief du Hezbollah à Beyrouth, faisant 25 morts.
Le 9 juillet, un attentat a été perpétré à Bir el-Abed, un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant un tué et des dizaines de blessés. Le 15 août, 27 personnes ont été tuées dans un attentat à la voiture piégée à Roueiss, également dans la banlieue sud de Beyrouth. Hassan Nasrallah a accusé les « extrémistes » musulmans en Syrie d’être à l’origine de ces attaques.
Le 23 août, un double attentat à la voiture piégée contre deux mosquées sunnites avait fait 45 morts à Tripoli, la grande ville du nord du Liban.
Le Liban, ravagé par une guerre civile de 1975 à 1990, est touché de plein fouet par le conflit chez son voisin syrien, notamment depuis que le Hezbollah a envoyé ses hommes aider l’armée syrienne à combattre les rebelles.
Voir aussi, sur E&R : « Le destin du Moyen-Orient se joue en Syrie » (discours de Hassan Nasrallah du 20 décembre 2013)