430 journalistes anglais pour suivre leur équipe nationale en France. Quatre cent trente. Un demi-millier. Un demi régiment. Une pression médiatique qui accompagne en permanence les 23 joueurs, qui ont une grosse épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si encore ça ne parlait que de foot…
Mais ce flicage est permanent : le joueur qui sort en boîte avec une poule est sûr de se faire flasher à la sortie, et de faire la une du Sun le lendemain. Et les tabloïds britanniques, c’est pas les tirages « de pédés » (expression populaire) de chez nous : 3 200 000 exemplaires vendus par jour pour The Sun, et 8 500 000 lecteurs. Même si c’est un abrutisseur, ça n’a rien à voir avec les 300 000 ventes gonflées du Monde.
Quand Rooney s’est tapé une couguar, tout le pays a été au courant. Ses 26 millions de dollars de gains en 2016 ne l’empêcheront pas d’être cerné de centaines d’yeux malfaisants. De l’autre côté de la Manche, et à côté de la pression britannique, les historiettes à Pogba – son bras d’honneur censuré par Bein Sports – et la sortie en boîte de nuit de M’Vila – qui aura raison de sa carrière en Bleu – sont de la petite bière. Le pire, c’est que l’Internet n’a pas érodé la puissance de leurs journaux populaires, voire populistes, alors que nos journaux donneurs de leçons et bien-pensants sont tous en perdition, Le Figaro mis à part.
Sinon, en dehors des compétitions de foot, qui les intéressent visiblement plus que le Brexit, les Anglais viennent en France pour y vivre une retraite paisible et rentable, dans le coin de Bergerac (le « Dordogneshire » des classes moyennes), y acheter des appartements à Paris et sur la Côte d’Azur (les financiers et les banquiers), bref, plus personne ne pense à les bouter. En matière d’invasion, il y a pire.
La parenthèse footballistique détend un peu une atmosphère devenue irrespirable depuis 18 mois. Le pays le plus vivable de la Terre, et probablement de l’Univers, a viré maso en deux coups de cuiller à pot.
Nos dirigeants ne cessent de nous dire que le Ciel va nous tomber sur la tête : encore aujourd’hui, Cazeneuve, ce bon Cazeneuve, nous expliquait qu’il ne pouvait pas empêcher tous les attentats, quand son patron Valls nous serine qu’on en a pour 10 ans. Sont-ce des informations ou des ordres venus d’encore plus haut ? Il faut désormais vivre avec cette grosse kalach de Damoclès au-dessus de nos têtes, qui nous tombera régulièrement dessus, d’après « nos » dirigeants.
Tout le reste prend une autre dimension, forcément moins dramatique, on pense à la politique nationale : à peine Mélenchon, fort d’un sondage (15 contre 14%) a-t-il déclaré qu’il allait se faire Hollande au 1er tour, que Cohn-Bendit sortait de son terrier pour traiter Mélenchon de « poule mouillée ». Car le cofondateur du Front de Gauche refuse de participer à la primaire à gauche, provoquant mécaniquement une victoire de la droite. Dany-la-braguette se trompe : le peuple français étant en demande d’autorité – réelle, pas celle de Sarkozy ou de Valls –, les droites qui totalisent 65% aujourd’hui ne peuvent plus perdre.
Qui saura remettre de l’ordre dans tout ce bordel ? Juppé le non-choix ? Marine Le Pen ? Chaque jour apporte son lot de catastrophes.
- Où le DVD a-t-il été poinçonné ? Les Français doivent savoir !
Ainsi, un événement d’une portée inimaginable a eu lieu avant-hier. À la médiathèque de Lannion (Côtes-d’Armor), le DVD du Chat du Rabbin de Joann Sfar a été dégradé ! Une bibliothécaire l’a découvert, « poinçonné ». Les mots s’étranglent dans notre gorge : peut-on encore appeler « être humain » celui qui est capable d’une telle ignominie ?
L’employée ajoute que des inscriptions nauséabondes souillent les WC chaque semaine. « Les livres sur la Shoah et la résistance » sont particulièrement visés, d’après le quotidien Ouest-France. Mais pourquoi ? Why ? Warum ? Le Premier ministre ou le ministre de l’Intérieur ne sont pas encore arrivés ventre à terre au chevet du DVD pour condamner ce crime contre l’humanité ?
Heureusement que la presse française veille. Sans cesse, elle nous rappelle les vraies priorités nationales.