Les petits candidats se plaignent de ne pas avoir de place dans les médias, que le pluralisme des opinions n’est pas respecté, c’est vrai. Nous allons donc donner de la place à Arthaud et Poutou. Qu’ils ne viennent pas se plaindre après, hein !
Nathalie Arthaud représente Lutte ouvrière pour ces élections. LO ce sont des communistes révolutionnaires, des purs & durs, des léninistes qui ne transigent pas : avec eux, il y aura des patrons collés au mur. Dans une France relativement embourgeoisée malgré la montée d’un lumpen-prolétariat (sans travail), une classe de désoeuvrés vivant de la solidarité nationale ou du black, voire des deux, la majorité des gens ne veut pas revenir à 1917 avec ses prêtres massacrés et ses bourgeois déportés. Cette survivance à la française place heureusement le cœur de sa campagne sur la lutte des classes, contre les possédants et pour les dépossédés. C’est noble. Et comme la question des médias, qui fabriquent l’opinion, qui la politisent dans le sens dominant, est devenue cruciale, LO a un plan pour les médias.
Si elle devient présidente, Nathalie fera financer le secteur de l’audiovisuel public par les grands groupes privés. On peut rêver… Sinon l’inutile et coûteux CSA sautera et le pluralisme des opinions sera de rigueur. Chaque opinion aura droit à sa représentation proportionnelle à son poids réel dans… l’opinion. Ça n’a pas vraiment été le cas avec Lénine et encore moins avec Staline, mais sait-on jamais. Europe 1, qui a étudié le programme de LO – bravo aux courageux journalistes – nous livre les goûts de Nath en matière de télé, goûts « assez simples », forcément : elle regarde Rendez-vous en terre inconnue, cette émission écolo où une star découvre la vie d’une tribu à l’autre bout du monde. En général,ça finit avec des larmes d’émotion et des déclarations du genre « maintenant je ne verrai plus jamais les choses de la même façon », la main sur le cœur, un œil sur l’audience, la courbe de son image et les ventes de biens culturels.
- Extrait d’Un Village français du 28 juillet 2014 quand la petite Hélène est déportée
La pointe arrive. Nath, qui n’est pas fan de séries, a suivi Un Village français, une production de France 3 qui a été vendue un peu partout dans la francophonie. Un feuilleton des années sombres bourré de clichés, on vous passe les détails… Une entreprise de propagande qui n’est pas à l’honneur de ses producteurs puisqu’elle véhicule une image bien négative de la France. On rappelle – oh hasard – que la série a été co-créée par Frédéric Krivine, le frère de. Et accessoirement président de l’Union des scénaristes de 2003 à 2007, puis président du Fonds d’innovation du CNC de 2011 à 2013. Jusqu’où va se nicher le trotskisme antifrançais…
En théorie, Arthaud a raison ; malheureusement en politique, ce qui compte c’est la pratique. C’est pour ça que le plus beau programme du monde ne vaudra rien face à la plus petite avancée du monde. Son concurrent sur le créneau « révolution », c’est Poutou. Les deux se déchirent pour le vote des révolutionnaires. Poutou et Nath se méprisent et s’ignorent, les LO considérant que les NPA sont des adolescents attardés sans socle idéologique solide. Mais surtout que les disciples de Krivine (le grand frère) et Besancenot ont largué la lutte des classes pour la lutte des races, soit la ligne SOS Racisme. Ce qui n’a pas déclenché, c’est le moins qu’on puisse dire, une avalanche de votes venant des quartiers. De haute sécurité. Et là on ne parle pas de prisons mais de cités dortoirs.
SOS Cannabisme
Il y a depuis 40 ans une bataille à gauche pour gagner l’électorat immigré. Jusqu’à présent, c’est le PS, ce parti sans corps doctrinal clair mais prêt à tous les subterfuges et mensonges pour capter ce néo-prolétariat, ou ce post-prolétariat, qui l’a gagné. Le PS, avec son implantation dans des milliers de communes, avec ses centaines de députés, a depuis la décentralisation les moyens d’arroser les cités et d’en récupérer le vote. On le sait : par le financement de centaines d’associations douteuses de « vivre-ensemble », de développement « culturel », de lutte contre le « racisme » et autres fadaises. Sans oublier les trafics de came qui sont contrôlés en haut lieu et dont les bénéfices sont partagés entre trafiquants de toutes sortes...
Justement, le directeur de l’IFOP, Jérôme Fourquet, a bossé sur le vote musulman, ce serpent de mer qui ressort à chaque échéance électorale. Rappel : en 2012, 86% des musulmans avaient voté Hollande, plus par antisarkozysme que par amour pour le bonhomme. Au Figaro, Fourquet explique que la gauche a cru ce réservoir de voix acquis, erreur. Le parti pris pro-mariage gay du PS en 2013 et les lamentables ABCD de l’égalité ont été meurtriers pour la bande à Dray, Cambadélis et consorts. Logiquement, l’abstention devrait grimper en 2017, et les voix se reporter sur les trois candidats Mélenchon, Hamon et Macron. Chacun tentera, à sa façon, de draguer un électorat désemparé par la gauche. D’où la sortie (risquée) de Macron sur la colonisation en Algérie. Hamon, lui, y a été franco, promettant tout ce qui était possible et mettant en avant son prisme pro-palestinien (avant de rétropédaler devant Haziza). Mélenchon, en bon frérot antireligieux, aura plus de difficultés à prendre une part du butin, mais son discours social peut faire mouche. C’est pourtant chez Marine Le Pen que le vote musulman national et social peut créer la surprise...
Rien ne sert de pronostiquer, il suffit d’attendre le 23 avril 20 heures. Mais on sent que les instituts de sondages vont bûcher à mort leurs catégories sociologiques, tant ce vote est nouveau et intéressant, pour paraphraser Bizot et Actuel.
Venons-en à Poutou, l’antibourgeois du panel. Sa cote est montée lors du débat réunissant les 11 candidats, juste parce qu’il a attaqué Fillon et Le Pen en tenue décontractée.
Sur Philippe Poutou, "il y a une un enthousiasme généralisé parce qu'il est venu en pyjama", dit Marion Maréchal-Le Pen #8h30Aphatie pic.twitter.com/lXlWmtpaUZ
— franceinfo (@franceinfo) 7 avril 2017
Non, ce qui est foncièrement original dans le programme de Poutou, c’est qu’il veut désarmer la police, à cause de l’État policier, les violences policères, tout ça. En vérité, le NPA propose de désarmer la police en contact avec la population. Pour être plus clair, dans les quartiers sus-nommés. Car selon lui la police est « une arme essentielle de l’appareil d’État, au service d’un système global qui protège les exploiteurs, les bourgeois, les spéculateurs ». Et serait une « force d’occupation » dans les quartiers. Oh la la, on n’est pas loin du conflit israélo-palestinien là ! Poutou avance que depuis l’an 2000, 140 personnes ont été abattues par la police française. Quant au site antifa Bastamag, on évalue le massacre des innocents à 170-255 personnes, toutes victimes du fascisme policier.
Dans une société idéale, on n’aurait évidemment pas besoin de policiers, et encore moins d’armes. Un haut niveau de conscience généralisé suffirait à éradiquer toute délinquance, toute violence, toute jalousie, tout calcul. On n’y est pas encore. Il faudra au moins attendre la sortie du deuxième opus d’Avatar, baptisé Pandora. Là, à 4 années-lumière de la Terre, tout n’est que luxe, calme et volupté. Le grand albatros de Baudelaire est remplacé par le reptile-oiseau Toruk Makto. L’utopie, c’est bien.
La lucidité aussi. C’est moins manipulable.